OSTEOPATHIE - PAS DE PHYSIOLOGIE !

27/02/2023

Quelle est l'histoire derrière cette citation d'A.T. Still et reflète-t-il la situation d'aujourd'hui ?

Traduction : Mathieu Laridon (original en Anglais)

PLUS QU'UNE SIMPLE ANECDOTE

 

Je me souviens avoir entendu une citation d'A.T. Still : " No Physiology ". Mais faute de référence, j'ai toujours considéré la possibilité qu'il s'agisse d'une anecdote contestable. Discutable car dans son livre "Philosophie de l’Ostéopathie" page 16-19, A.T. Still décrit ce qu'il entend par anatomie. Et au bas de la page 17, sans la moindre ambiguïté, il mentionne la physiologie comme "une connaissance dont aucun ostéopathe ne peut se passer pour réussir". Donc, apparemment, cette citation sur la physiologie doit être une légende urbaine qui vit sa propre vie. Cependant, un beau jour, Carol Trowbridge évoque cette citation exacte dans son livre "Andrew Taylor Still : 1828-1917". Elle en donne même la référence et expose clairement le contexte des paroles de Still.

 

Dans le chapitre "6-Le vieux Docteur", Trowbridge mentionne sous le sous-titre "Les Littlejohns" que la physiologie a commencé à pousser l'anatomie dans ses retranchements. J. Martin préférait une ostéopathie plus large, fondée sur la physiologie plutôt que sur l'anatomie (Trowbridge, page 174). Trowbridge décrit que Still est devenu "irrité" par l'influence de Littlejohn-Smith (1899) qui a clairement conduit à un changement de concept au sein de l'enseignement ostéopathique. Still nota publiquement qu'il n'était pas du tout d'accord et ferma même à plusieurs reprises l'école pour discuter avec les enseignants de la compatibilité du diagnostic médical avec l'ostéopathie. C'est dans ce contexte qu'à un certain moment Still entra en trombe dans une salle de classe et écrit furieusement sur le tableau noir : " No Physiology " (Trowbridge, page 176).

 

L'HISTOIRE FRAPPE BRUYAMMENT A NOTRE PORTE (encore)

 

Février 2023, je me demande de quelle humeur serait Still à cet instant précis. Parce qu'en regardant les réseaux sociaux et les annonces de séminaires en tous genres, on ne peut nier l'existence d'une nouvelle vieille mode : la course aux connaissances physiologiques chez les ostéopathes. Et plus encore, sur les groupes de discussion ostéopathique, l'importance des connaissances anatomiques (pour les ostéopathes) est remise en question (par les ostéopathes). Il faut même souligner que certains collègues réputés se sentent encouragés à soutenir l'ancienne doctrine Littlejohn-Smith.

 

J'étudie l'anatomie depuis le début des années 80 (dans toutes ses dimensions - A.T. Still, "Philosophie de l'ostéopathie - Ce que j'entends par anatomie", page 16-19). Et depuis plus de trente ans, avec certains de mes collègues nous organisons des séminaires d'anatomie où les ostéopathes peuvent disséquer tout seuls, en partant de zéro. Nous organisons également d'autres séminaires post gradués, y compris des travaux pratiques cliniques. Ce faisant, nous rencontrons de nombreux collègues et étudiants (d'Europe et d'outre-mer), et force est de constater que les connaissances en anatomie de nombre d'entre eux sont médiocres, voire abominablement mauvaises ! Veuillez donc me pardonner si je m'irrite lorsque je vois cette nouvelle tendance où l'anatomie est une fois de plus reléguée au second plan en faveur de l'endoctrinement physiologique.

 

A PROPOS DE L'ANATOMIE

 

 SIC TRANSIT GLORIA MUNDI

 

Oui, on le cite si souvent : L'ostéopathie c'est de l'anatomie, de l'anatomie et encore de l'anatomie. Quelle phrase bien vide quand on constate la quantité de connaissances anatomiques que possèdent de nombreux ostéopathes, en particulier les jeunes générations ! Oh oui, ils ont une grande boîte à outils qui contient de nombreuses techniques (quelle ironie, même les soi-disant "techniques de Still" !! - voir paragraphe suivant). Pour chaque symptôme, il semble y avoir un dysfonctionnement, et pour chaque dysfonctionnement, ils ont un outil adéquat pour le réparer. Pardonnez mes origines latines, mais dans ce contexte, la remarque suivante me vient à l'esprit : sic transit gloria mundi. Remplacez le mot "mundi" par "ostéopathie" et vous obtenez : voilà comment l'ostéopathie se noie.

 

Still ne nous a-t-il pas dit plus d'une fois que les symptômes ne sont que des effets ? N'a-t-il jamais utilisé le terme "dysfonctionnement" ? N'était-il pas connu pour ne pas montrer des techniques mais des principes (Philosophie de l’Ostéopathie, Préface, page 2) ? Et ne disait-il pas que l'ostéopathie est un raisonnement basé sur des arguments anatomiques ? Alors, si tout cela est vrai (lisez sa littérature ! !), pourquoi ces ostéopathes, dans leur capacité technique, ne sont-ils pas capables de répondre à une simple question telle que : pourquoi faites-vous cela ; quelle est votre explication anatomique ? Pourquoi ne sont-ils pas capables de répondre à ces questions simples alors qu'ils se disent ostéopathes et prétendent connaître leur anatomie ?

 

LA NATURE DE L'ANATOMIE

 

Une première explication possible pour comprendre les graves lacunes de la connaissance anatomique et leurs conséquences est la nature de cette connaissance. L'anatomie n'est pas n'importe quel type d'anatomie. Au cours des siècles, l'approche de l'étude des structures du corps humain a changé. Au début, il y avait l'"anatomie descriptive". L'observateur décrivait simplement la forme de la structure, et il utilisait des termes comparatifs d'origine latine ou grecque ; lorsque, par exemple, il voyait une structure qui ressemblait à un nœud, il l'appelait simplement un ganglion. Cela explique pourquoi le terme ganglion est utilisé pour décrire certaines structures lymphatiques et nerveuses. Et souvent, les observateurs utilisaient des adjectifs pour décrire la topographie de la structure : par exemple, Ganglion paravertébral = un nœud le long de la colonne vertébrale. C'est clair.

 

Au fil du temps, lorsque les observateurs ont commencé à se poser des questions sur la signification de cette structure dans le corps, cette approche est passée de descriptive à fonctionnelle. La conséquence est que la nomenclature a commencé à se mélanger : descriptive (forme et position) et fonctionnelle (par exemple fléchisseur/plieur et extenseur/étireur).

 

Il est intéressant de noter qu'avec le changement vers une approche fonctionnelle, les observateurs ont commencé à étudier ce qu'on appelle des "systèmes". Ce faisant, ils ont combiné certaines structures en une unité fonctionnelle, comme le système locomoteur, le système nerveux ou le système viscéral (digestif). Cette approche peut aider l'étudiant à avoir une vue d'ensemble du grand nombre de structures différentes. Cependant, cette simplification de l'étude anatomique a un prix énorme. La conséquence d'une approche systémique-fonctionnelle de l'anatomie est que de nombreuses relations ne sont pas décrites et même pas prises en compte !

 

Permettez-moi de le démontrer à l'aide de l'exemple suivant. Le système digestif contient plusieurs organes comme l'estomac, le foie, le pancréas et l'intestin. La fonction de ces organes est de digérer un repas. La jambe, quant à elle, est constituée d'os, d'articulations, de ligaments, de muscles et de bien d'autres choses encore. La fonction du genou est de fléchir la jambe. Il appartient à l'appareil locomoteur. Une question concernant la fonction (lire "signification") du genou droit pour la digestion est reçue avec des yeux grands ouverts de "Je-ne-comprends-pas-ce-que-tu-veux-dire". Existe-t-il une relation (fonctionnelle) entre ce genou et l'estomac ou tout autre organe digestif (ou vice versa) ?! Réponse : nooooon, il n'y en a pas, car ils appartiennent à un "autre" système ! La possibilité même d'envisager cette relation positionnelle/fonctionnelle comme une possibilité ne se présente pas dans la plupart des esprits ! !! L'approche fonctionnelle-systémique a exclu cette possibilité ! Cette description fonctionnelle-systémique a exclu la perspective d'un raisonnement anatomique basé sur des principes, un raisonnement qui caractérise la philosophie ostéopathique !

 

Anatomie, ana-tomei : sa nature même a conduit à un découpage du corps en morceaux individuels.

qui sont "fonctionnellement réassemblés" en une construction mentale compréhensible pour l'étudiant,

qui, par définition, est incomplète (voir également Daston & Galison, Objectivity, 2017).

 

Dans le contexte de ce type d'étude anatomique, que penser d'une autre citation célèbre, mentionnée par A.T. Still et si souvent répétée par les " vrais adeptes autoproclamés de l'ostéopathie " : le corps est une unité ? Ce type d'étude anatomique n'est-il pas en contradiction avec ce genre de citations ? Plus encore ! En étudiant l'anatomie d'une manière fonctionnelle-systémique telle que les écoles ostéopathiques produisent année après année des ostéopathes "crâniens", ou des ostéopathes "viscéraux" par exemple, la question est : dans quel but ? ! A coup sûr, la fin de l'ostéopathie ! Et puis je ne parle même pas de ces soi-disant "experts du genre holistique" qui organisent des séminaires spécialisés de la plus grande simplification anatomique. Ils découpent le contenu anatomique en modèles fonctionnels encore plus petits, complétés par des techniques suffisantes pour combattre les symptômes. Ils donnent le coup de grâce à une philosophie qui se meurt lentement.

 

LES AVEUGLES ET L'ÉLÉPHANT

 

L'étude de l'anatomie dans et pour le cadre de référence ostéopathique exige une approche différente. Il ne s'agit pas seulement d'apprendre par cœur de nombreuses structures d'un "système spécifique". Quelle que soit la langue utilisée (latin, grec, anglais, français, ...), l'étude de l'anatomie pour devenir ostéopathe demande une approche différente pour pleinement comprendre les relations entre toutes les structures afin de comprendre la Forme et la Fonction. Par conséquent, l'anatomie ne peut être pensée par ceux qui ne la comprennent pas entièrement. Le fondateur de l'ostéopathie, A.T. Still, en était conscient : Autobiographie, chapitre 12, page 152 : Pour être qualifié pour une profession, vous devez recevoir une formation complète dispensée par des personnes qui comprennent parfaitement la science et savent comment l'enseigner. ... Vous devez avoir une connaissance approfondie de tout ce que l'on entend par anatomie - pas seulement connaître les noms de quelques os, muscles, nerfs, veines et artères, mais vous devez les connaître tous tels qu'on les trouve dans les derniers auteurs standard. Vous devriez connaître au moins quatre-vingt-dix pour cent de tout le corps humain avant d'entrer dans nos cliniques ...

 

ORIGINAL : Autobiography, chapter 12, page 152: To be qualified for a profession you must have a complete training from persons who understand the science thoroughly, and know how to teach it. … You must be thoroughly acquainted with all that is meant by anatomy – not merely familiar with the names of a few bones, muscles, nerves, veins, and arteries, but you must know them all as found in the latest standard authors. You should be familiar with at least ninety per cent of all the human body before you enter our clinics. …

En étudiant la philosophie de Still en regard des caractéristiques contemporaines de l'anatomie, nous devons souligner que pour devenir ostéopathe, on a besoin non seulement de livres (et de dissection !) mais aussi d'un manuel comme guide de "comment étudier l'anatomie". Ces conseils ne devraient pas tant provenir de manuels écrits. Ils devraient plutôt provenir d'enseignants qui comprennent parfaitement la philosophie, en théorie et en pratique. Malheureusement, nous ne pouvons nier la tendance selon laquelle, dans de nombreuses écoles d'ostéopathie, le temps consacré à l'enseignement de l'anatomie est réduit à un "maximum de minimum" en faveur de la démonstration et de la pratique sans fin de techniques. Ce choix est souvent justifié par la phrase : vous pouvez étudier l'anatomie par vous-même à la maison, tout est dans les livres. Ne savent-ils pas que (depuis maintenant presque plus de 100 ans) le contenu d'une majorité de ces livres d'anatomie a été réduit à une utilité minimale pour les études médicales ! Ne savent-ils pas qu'un grand nombre de structures anatomiques ne sont plus décrites dans ces livres parce qu'elles ne sont d'aucune utilité pour la médecine ? Permettez-moi un exemple : Pernkopf Anatomie, en 1937 il y avait 7 livres, en 1994 il n'y avait qu'un seul livre. Comme le paysage anatomique actuel est devenu stérile !

Et quand il y a encore des repères, il ne faut pas rester aveugle au constat que la formation de la plupart de ces enseignants est un "copier-coller" de l'approche médicale et/ou kinésithérapique de l'anatomie ! Ainsi, enseigner l'anatomie dans un tel référentiel pour de futurs ostéopathes indique qu'ils ne connaissent probablement pas ce que Still considère comme essentiel pour son ostéopathie. Ils ne le savent pas parce qu'ils n'ont probablement pas étudié les écrits de Still. Et s'ils l'ont fait, ils l'ont souvent fait de manière sélective, à la recherche de recettes. Recettes qui sont titrées par des slogans simplifiés tels que "la règle de l'artère", qui sont ensuite très souvent complétées par des techniques dites spécifiques. Ce type de connaissances anatomiques peut convenir au médecin et par exemple au kinésithérapeute ou au chiropracteur. En revanche, elle est insuffisante et inutilisable pour les futurs ostéopathes. Mais, comme souvent, au pays des aveugles, le borgne est considéré comme le roi/la reine ; même si ce borgne louche. Vanitas vanitatum et omnia vanitas ; professeurs d'anatomie des futurs ostéopathes, réfléchissez avant d'agir !

 

UNE IMAGE VIVANTE DE L'ANATOMIE

 

L'expression "image vivante de l'anatomie" est souvent utilisée par A.T. Still. Un exemple : Philosophie de l'ostéopathie ; chapitre 2, page 42 : ... , nous devrions garder une image vivante des formes de chaque os, comment et où il s'articule avec les autres, comment il est joint par des ligaments, quels vaisseaux sanguins, nerfs et muscles le traversent ou le parcourent dans le sens de la longueur, parce qu'en négligeant un petit nerf et un vaisseau sanguin, on peut échouer à enlever un goitre, et toutes les maladies... .

 

ORIGINAL : Philosophy of osteopathy; Chapter 2, page 42: … , we should keep a living picture of the forms of each bone, how and where it articulates with others, how it is joined by ligaments, what blood vessels, nerves and muscles cross or range with it lengthwise, because to overlook a small nerve and blood vessel you may fail to remove a goitre, and all diseases… .

 

Une question qui nous a occupés, mes collègues et moi, pendant très longtemps, est la suivante : que pouvait-il bien vouloir dire par " image vivante de l'anatomie " ? Pour trouver la réponse, nous avons creusé profondément dans ses écrits et passé de nombreuses heures à discuter des différents termes qu'il utilisait. Nous sommes parvenus à la conclusion que la réponse réside dans une profonde compréhension de l'unité "Forme & Fonction". Lorsque nous cherchons une définition de la forme (anatomique), nous pouvons la formuler ainsi (Höppner, Life as a Verb, chapitre 2):

 

La forme est la conséquence de ses structures et de leurs relations positionnelles

dans un certain contexte environnemental.

 

Conséquence - La première caractéristique que nous voyons dans cette définition est qu'une forme est une conséquence. Une conséquence de quoi ? C'est une conséquence de l'interaction entre la forme (ses structures et leurs relations) d'une part et les conditions environnementales d'autre part. Nous pouvons également décrire cette conséquence comme le résultat d'un équilibre entre la charge (l'influence/stress de l'environnement) et la capacité de charge (les structures et leurs relations positionnelles). En d'autres termes, les conditions environnementales représentent une contrainte pour certaines structures et leurs relations positionnelles. Ces structures et leurs relations positionnelles peuvent résister et résisteront à cette influence environnementale. Par conséquent, la forme se trouve dans un état caractérisé par une certaine contrainte. Il s'agit d'un état d'être (momentané).

 

Structure - Lorsque nous étudions la nature de cette contrainte, il est important de souligner que deux caractéristiques principales jouent un rôle essentiel : les structures et leurs relations positionnelles. Le corps humain contient de nombreuses structures, tant au niveau macroscopique qu'au niveau microscopique. Un manque de maîtrise de l'anatomie dans toutes ces dimensions limite déjà une certaine connaissance et compréhension de cette caractéristique (A.T. Still, Philosophie de l’ostéopathie, page 16-19 !). Malheureusement, nous ne pouvons nier que la plupart des ostéopathes, principalement des jeunes générations, restent dans un seul cadre de référence macroscopique ! Par conséquent, ils sont sélectivement aveugles et donc incapables de comprendre pleinement la signification de la dimension submicroscopique de la physiologie dans un contexte macroscopique ! Il leur manque tout simplement les connexions dimensionnelles et relationnelles ! Ils ne sautent pas d'une dimension à l'autre (ce qui est possible - voir la définition de la forme), mais ils sautent sur plusieurs dimensions à la fois, comme s'ils étaient capables de saisir la nature et l'origine d'un océan complet par l'étude d'une seule goutte d'eau !

 

En faisant des sauts aussi importants par manque de connaissance de ce qui se trouve entre les deux, on aboutit à des conclusions incomplètes, voire incorrectes. La littérature, par exemple dans le domaine crânio-vertébro-sacré et viscéral, est malheureusement pleine de sauts dimensionnels qui conduisent à des descriptions douteuses de ce que l'on appelle la mobilité ou la motilité : les reins montent (sur la base de quels arguments anatomiques ?); le foie tourne vers la droite (qu'en est-il de la Veine Cave et de la Veine Porte ?), la flexion-extension dans la Synchondrose sphéno-basilaire (cette articulation ne s'ossifie-t-elle pas ?); ... etc. etc. etc. Anatomiquement, en regardant dans toutes les dimensions, beaucoup de ces descriptions, souvent sous forme de modèles, n'ont aucun sens parce que le cadre de référence est tout simplement incorrect, peu importe qui a écrit les livres (voir les autres littératures) !

 

De manière comparable, Rudolf Virchow (un membre fondateur de la médecine "moderne") a réduit la complexité de l'être humain à une seule cellule lorsqu'il a publié en 1858 son concept de "pathologie cellulaire". Il a effectué de nombreuses observations microscopiques en croyant pouvoir saisir l'essence de la maladie. Il était en quelque sorte convaincu qu'il pouvait saisir l'essence d'une certaine pathologie en décrivant les changements structurels dans la dimension de la cellule. Ce concept réduit la complexité du (dys)fonctionnement humain à une dimension qui ne représente plus le grand nombre de relations. Il s'agit d'un exemple clair de raisonnement réductionniste - si raisonnement il y a. En copiant ce type d'approche dans l'enseignement des ostéopathes, cette simplification réductionniste des connaissances ne laisse aucune place à la philosophie ostéopathique. Plus encore, elle n'a absolument rien à voir avec le concept ostéopathique (voir aussi ci-dessous : exemple de la digestion des graisses) !

 

Le corps humain est caractérisé par de nombreuses structures et l'étude de l'anatomie ne devrait pas se faire dans une seule branche. Outre la dimension macroscopique, elle doit également être étudiée dans la branche de l'histologie, de la cytologie et de la (bio)chimie (A.T. Still, Philosophie de l’Ostéopathie, page 16-19). N'est-il donc pas souhaitable de commencer par l'étude des premiers composants structurels d'un organisme ? Ne convient-il pas de commencer par les premières pierres élémentaires de construction du corps humain : l'eau, la matrice, les cellules et les fibres ? Ceux d'entre vous qui connaissent également la branche de l'anatomie appelée histologie reconnaîtront les structures élémentaires du tissu conjonctif. Malgré le terme "conjonctif", ce tissu ne se contente pas de relier des structures de nature et d'origine différentes. C’est aussi l'espace environnemental dans lequel se déroulent les processus physiologiques tout en étant le composant structurel d'autres formes telles que les organes. Par conséquent, ne convient-il pas d'étudier et de comprendre parfaitement toutes les différentes structures et relations positionnelles de la forme humaine AVANT d'étudier les nombreux détails physiologiques qui sont décrits dans un contexte fonctionnel ? Ne convient-il pas de s'interroger d'abord sur la nature de la fonction ? Le terme "fonction" est utilisé si souvent, si facilement et dans une si grande variété de sens ! N'est-il pas plus que conseillé d'y réfléchir (au moins une seconde fois) ? Cependant, si vous souhaitez le faire, comment cela peut-il être possible si vous ne savez pas quelles structures sont impliquées ? !! Comment cela peut-il être possible si vous êtes limité par vos connaissances anatomiques à une seule dimension (souvent macroscopique) ? !!

 

Relation positionnelle - Une autre caractéristique essentielle est le fait que ces structures élémentaires ont des relations positionnelles. L'eau et la matrice constituent une solution à l'état liquide, un fluide, et les relations positionnelles entre les molécules se traduisent par une caractéristique fonctionnelle : la capacité de résister aux influences extérieures. En physique, ce phénomène est appelé viscosité (Resnick & Halliday, Physics 1, chapitre 17 & 18, 1966). Une caractéristique fonctionnelle similaire peut être observée dans les composants structurels appelés cellules (= turgescence/turgor) et fibres (= tension). Il existe également une quatrième expression de la résistance aux influences environnementales, appelée malléabilité. Il s'agit d'une situation dans laquelle tous les composants structurels (eau, matrice, cellule, fibre) fournissent une part de la résistance (par conséquent, dans le cas de la malléabilité, la forme a la densité la plus élevée - voir ci-dessous).

 

Avec la définition et la description de la forme en tête (voir ci-dessus), nous sommes très proches de la nature de la fonction.

 

La fonction est la capacité à résister à l'influence de l'environnement,

ce qui conduit à la capacité de maintenir la forme originale.

ORIGINAL: Function is the capacity to resist the environmental influence,

which leads to the capability to maintain the original form.

 

Remarque : certains collègues définiront cela comme un comportement. La transformer en une définition de la fonction dépend des caractéristiques spécifiques de l'environnement et du type de relations positionnelles. Ces caractéristiques donnent au comportement une certaine expression qui est si spécifique dans ces circonstances.

 

La forme ne changera pas tant que la résistance, provenant des structures et de leurs relations positionnelles, ne sera pas surmontée par les conditions environnementales. Et par conséquent, la fonction changera également. Ce changement de forme et de fonction est défini comme un "phénomène extérieur-intérieur" (Blechschmidt, Anatomie und Ontogenese des Menschen, 1978 ; Höppner, Life as a Verb, 2022).

 

Résilience - Ainsi chaque forme est en état de tension. Cela ne doit pas être considéré comme un problème en soi car il existe une autre caractéristique que nous pouvons observer : la résilience. Cette caractéristique nous montre que chaque forme est capable de réorganiser intérieurement les relations positionnelles entre les structures de même nature sans avoir de conséquence immédiate pour la forme en tant que telle - les caractéristiques externes ne changent pas immédiatement ni automatiquement sous l'influence de l'environnement. Mais ici, il faut faire attention ! Car ce n'est pas tout à fait vrai. Parce qu'elle changera toujours, mais le fait de le remarquer dépend de la dimension dans laquelle nous regardons - et il ne faut pas oublier que le temps est lié à la dimension, ce qui signifie que selon la dimension dans laquelle nous regardons, il faut plus ou moins de temps avant de pouvoir observer le changement ! Ainsi, il se peut que momentanément la forme d'une cellule ne change pas, mais dans la dimension sous-jacente, celle de l'eau et de la matrice en tant que fluide, nous observons des changements dans la relation positionnelle. Ce phénomène est décrit en termes physiologiques comme le "métabolisme". Et parce que la forme de la cellule ne change pas, bien qu'il y ait des changements sous-jacents, nous définissons cette cellule comme étant dans un état d'équilibre dynamique. C'est ce phénomène qui caractérise la vie (en tant que verbe) :

 

Le métabolisme peut être considéré comme l'expression fondamentale de la vie,

comme un état d'équilibre dynamique.

 

L'aptitude et la capacité de chaque forme à résister aux influences de l'environnement et à se réorganiser intérieurement (résilience) est une caractéristique fonctionnelle de base de chaque forme. C'est une caractéristique fonctionnelle qui fait de chaque forme une unité vivante, une unité qui réagit. Une unité qui se caractérise par ses structures spécifiques et leurs relations positionnelles - dans toutes les dimensions !

 

Le fait de voir ces structures, de voir ces relations positionnelles et de comprendre leur signification transforme les structures anatomiques en "images vivantes". Pour être capable de voir ces images vivantes, il faut une autre approche de notre étude anatomique. Il faut comprendre que les structures anatomiques macroscopiques telles que les os, les nerfs, les vaisseaux, les organes, etc. ont des densités différentes. Différentes densités signifient différentes caractéristiques de résistance, différentes textures. Inutile de préciser, mais je tiens à le faire : cela ne s'apprend pas dans les livres ; cela nécessite des expériences de dissection ; ainsi, tout cela n'est PAS présent dans les livres, loin de là ! Les différentes caractéristiques fonctionnelles sont basées sur le type de structures et leur représentation proportionnelle dans la forme. Cela nécessite une connaissance anatomique de toutes les dimensions. Cela signifie également une connaissance de la manière dont ces structures, macroscopiques et microscopiques, sont alignées dans l'espace, en trois dimensions. Cette caractéristique d'alignement spatial résulte d'une profonde connaissance des relations positionnelles entre les structures (livres + dissection !). La connaissance de ces alignements nous aide à voir les caractéristiques directionnelles d'une forme. La connaissance et la compréhension de la texture et de la direction, en tant que caractéristiques spécifiques d'une forme, créent une image vivante de l'anatomie qui nous montre la capacité de chaque forme à faire face aux conditions environnementales qui provoquent des contraintes.

 

 

QUELLE EST LA PLACE DE LA PHYSIOLOGIE ?

 

Le livre de Carol Trowbridge nous permet de comprendre qu'A.T. Still était loin d'apprécier le changement qui s'est opéré dans le programme de "son" école. A l'automne de sa vie (ses soixante-dix ans), il avait encore assez d'énergie pour monter sur les barricades afin de défendre les fondements de sa précieuse philosophie. Et ce faisant, il a réussi à préserver ce qu'il aurait peut-être pu signifier à la fin de sa vie en disant : " keep it pure boys ".

Cela nous amène à la question suivante : quelle place occupent les connaissances en physiologie dans le cursus d'un ostéopathe ?

 

Physiologie ; une visite rapide sur Wikipédia nous donne une définition :

           

    • Du grec ancien : phusis (nature, origine) + logia (étude) - l'étude scientifique des fonctions et des mécanismes dans un système vivant.
    • Une sous-discipline de la biologie. Elle se concentre sur la façon dont les organismes, les systèmes organiques, les organes individuels, les cellules et les biomolécules remplissent des fonctions chimiques et physiques dans un système vivant.
    • Les processus biophysiques et biochimiques, les mécanismes de contrôle homéostatique et les communications entre les cellules sont au cœur du fonctionnement physiologique.
    •  Un état physiologique est la condition d'un fonctionnement normal, par opposition à un état pathologique qui fait référence à des conditions anormales, y compris les maladies humaines. 

SOYONS CHIMIQUE

 

La définition de la physiologie nous apprend que l'étude du fonctionnement d'un organisme comporte deux aspects. Il y a l'aspect chimique et l'aspect physique. Tous deux ont leur signification, et tous deux doivent être bien compris. Cependant, que remarquons-nous lorsque nous examinons de plus près le programme d'études concernant cette branche de l'anatomie ? Un grand nombre de professeurs de physiologie, tant dans la formation de base des ostéopathes que dans les séminaires post-gradués, semblent vouloir assommer les étudiants et les participants avec les nombreux détails des processus chimiques qui ont lieu dans le corps humain. Si l'on compare ces enseignants entre eux, on a l'impression qu'ils sont en compétition pour savoir qui assommera le premier les étudiants/participants et finira par remporter le prix de l'autorité la plus incompréhensible en matière de physiologie pour les ostéopathes. Cela peut fonctionner de manière impressionnante sur le débutant qui répondra avec respect, mais soulève néanmoins des questions quant à l'efficacité pour la future application pratique.

 

Certains étudiants et participants peuvent éventuellement connaître les moindres détails biochimiques qui se déroulent dans une cellule, un tissu et un organe. Mais néanmoins, et trop souvent, ils restent incapables de faire le lien avec l'aspect physique qui caractérise leur travail quotidien ! L'aspect corporel est le référentiel manuel de l'ostéopathe. L'ostéopathe tente d'identifier les tensions (et autres - voir plus loin) qui sont à l'origine du problème du patient. Notre approche manuelle peut détecter cette contrainte. Mais cet outil n'est pas adapté à la chimie, il ne peut pas mesurer les gradients de concentration. Alors, comment faire le lien entre la chimie et le physique ? La majorité des professeurs de physiologie que j'ai rencontrés (et il y en a plus d'un !) manque clairement de cette vision. Et je ne suis pas le seul à arriver à cette conclusion. En parlant et en discutant avec de nombreux ostéopathes de différentes générations et de différents pays, il devient évident qu'eux aussi arrivent à la conclusion qu'il y a quelque chose qui manque. Oui, il y a quelques exceptions à la règle, certains enseignants sont capables de faire le lien entre la chimie et le physique. Cependant, pour une majorité, ce n'est apparemment pas le cas. Cela peut sembler sévère, et certains lecteurs pourraient même se sentir offensés. Alors si c'est le cas, réfléchissez d'abord car il s'agit simplement d'une constatation dans la pratique quotidienne qui ne peut être niée. Ne tirez pas sur le messager mais essayez de trouver la réponse à la question qui est sur tant de lèvres de débutants inexpérimentés qui n'osent pas demander : comment faire un pont entre la chimie et le corps pour les ostéopathes ?

 

SOYONS PHYSIQUES

 

A.T. Still ne facilite pas les choses dans ses écrits. Oui, comme dans la définition de la physiologie (voir ci-dessus), il parle aussi du "normal" et de "l'anormal". Mais dans son style rhétorique il cache presque ce qu'il entend par ces deux caractéristiques de l'être humain. Bon, même sans consulter les livres de Still, dans un cadre de référence chimique, cela semble être compréhensible. Nous avons des valeurs biologiques mesurables. Dans ce contexte, nous avons établi une fourchette dans laquelle nous considérons que la valeur est normale. Toute valeur inférieure ou supérieure est considérée comme anormale. Mais qu'en est-il de la partie physique de l'histoire ? Cette partie n'est pas incluse dans les cours d’analyses biologiques du milieu médical - je parle ici aussi de ma propre expérience. On peut se demander à quoi sert d'étudier ces valeurs par cœur si nous ne sommes pas capables de relier ces informations à la nature corporelle de notre profession. Soulignons une fois de plus que notre outil manuel est incapable de mesurer des valeurs biologiques. Et même si nous étions en mesure de demander une analyse après avoir envoyé des fluides corporels à un laboratoire, que faire de ces résultats dans la pratique ? Pouvons-nous traduire ce résultat chimique en un référentiel physique (de contrainte) ? Et comment définir le normal et l'anormal dans ce cadre ? Comment pouvons-nous décrire le normal et l'anormal dans un contexte ostéopathique si physiquement caractérisé ?

 

LA NOTION DE SCHEMA

 

Malheureusement et à mon avis, pour de nombreux lecteurs de ses écrits, Still n'est pas toujours clair sur le plan rhétorique pour définir ce qui est normal et anormal. Malheureusement et à mon avis, il faut en plus de l'étude intensive de sa littérature, des sources supplémentaires qui ne viennent pas directement de sa main. Par exemple, dans un paragraphe du livre de R.E. Becker, "The Stillness of Life", on trouve une citation de A.T. Still qui pourrait éclairer le sujet. Becker nous donne la citation de Still en référence à ce que Still lui-même a écrit dans son autobiographie aux pages 148-149 (... j'espère que tous ceux qui liront après ... (jusqu'à) ... une loi éternelle de la vie et du mouvement). La citation est la suivante (Becker, Ann Arbor Seminar, page 3-4) :

 

Puis le Dr Still dit : "créer ou fournir des lois du soi sans schéma". Un état sain est un état sans schéma. Si vous avez un schéma, vous avez une contrainte, une maladie ou un problème. Si vous n'avez pas de problème, il n'y a pas de schéma. ..."

 

ORIGINAL : Then Dr. Still says, “to make or furnish laws of self without patterns”. A healthy state is a state of no pattern. If you’ve got a pattern, you’ve got a strain, a disease, or a problem. If you haven’t got a problem, there’s no pattern. …”

 

Cette citation a ouvert pour certains collègues et moi-même, la porte à d'autres discussions et, finalement à une compréhension de ce qu'il pouvait entendre par normal et anormal. En général ainsi que dans un contexte physiologique. La clé de la citation de Still qui a permis de résoudre l'énigme est le terme " schéma ". Au début ce terme a fait l'objet de nombreuses discussions (et l'est encore aujourd'hui pour certains collègues). Qu'est-ce que l'on entend par schéma ? La réponse à cette question se trouve dans la connaissance intime et profonde de la forme, en particulier des images vivantes de l'anatomie.

 

Voyons ce que Still a à dire à ce sujet :

 

A.T. Still, Autobiographie, chapitre 1, page 13 : "... Nous vous enseignons l'anatomie dans toutes ses branches, afin que vous puissiez avoir et garder en permanence une image vivante dans votre esprit, ... ; ... Je me sens libre de dire à mes étudiants : gardez en permanence dans votre esprit des images du corps normal, tout en traitant les affligés. ..."

 

ORIGINAL : A.T. Still, Autobiography, chapter 1, page 13: “… We teach you anatomy in all its branches, that you may be able to have and keep a living picture before your mind all the time, …; … I feel free to say to my students, keep your minds full of pictures of the normal body all the time, while, treating the afflicted. …”

 

Still nous dit que nous avons besoin d'images de formes qui nous montrent non seulement les composants structurels mais aussi les relations positionnelles (textures et alignements) entre eux. Il nous dit que nous devons être en mesure de visualiser la capacité et l'aptitude d'une forme à résister aux influences de l'environnement. Il nous dit de visualiser la capacité de résilience qui accompagne une certaine contrainte. Ainsi, Still nous dit ce dont nous avons besoin pour reconnaître le normal. Mais qu'en est-il de l'anormal ?

 

La réponse à la question de l'anormal réside dans le terme " schéma " et sa définition. Un schéma doit être compris comme la répétition (séquentielle) d'un certain nombre de structures. La répétition de structures qui sont caractérisées par la même texture, qui résulte de leurs relations positionnelles. C'est la répétition de structures qui conduit à un alignement spécifique. Un alignement qui nous montre une direction spécifique. Une direction que toute forme peut utiliser comme réponse à une contrainte croissante provenant de l'environnement. Une tension croissante qui s'exprime par une caractéristique directionnelle. Une caractéristique directionnelle qui peut être définie comme la voie de la moindre résistance, la voie de la facilité. Il s'agit d'une réponse des composants structurels de la forme et de leurs relations positionnelles pour faire face à la contrainte qui ne peut être traitée par une seule relation. Une contrainte qui ne peut être traitée que lorsque la charge est répartie sur plus d'une relation positionnelle entre des structures de même nature. Une contrainte qui peut être absorbée par un nombre croissant de relations, ce qui permet d'augmenter la capacité de charge. Ou comme le diraient les Belges : l'union fait la force.

 

La contrainte est une caractéristique normale de toute forme. Un schéma de contrainte est quelque chose de différent. Il est différent parce qu'il a un impact plus important sur les caractéristiques d'une forme (texture et alignement). Un schéma de contrainte peut être considéré comme normal car il fait partie de la réponse à la façon dont la forme fait face aux conditions environnementales. Cependant, les caractéristiques directionnelles de ce type de contrainte entraînent une conséquence pour l'avenir, proche et/ou lointain. C'est le fait que cette direction s'imprime dans les caractéristiques spécifiques de la forme. En d'autres termes, le schéma de contrainte réorganise les relations positionnelles entre les structures. Avec pour conséquence de rendre dominantes certaines caractéristiques directionnelles. Cela conduit à une perte de liberté directionnelle. Cela conduit à une perte de résilience d'une forme.

 

L'IMPACT PHYSIQUE - L'ÉQUILIBRE DYNAMIQUE ASSIÉGÉ ?

 

Lorsque nous examinons les conditions des réactions chimiques, nous pouvons remarquer que le terme perméabilité est une caractéristique importante. Plus la perméabilité est élevée, plus les réactions chimiques peuvent avoir lieu facilement. En particulier le "transport" des produits chimiques dans l'espace. Un transport est décrit comme un changement de relation de position (la résistance doit être surmontée !). Un changement tel que le mouvement des molécules vers et depuis la cellule ainsi qu'à l'intérieur de la cellule. Ces mouvements caractérisent un phénomène que l'on définit comme le métabolisme. Il est évident que ce métabolisme dépend directement de la perméabilité de la région où le mouvement a lieu. Nous pouvons remarquer qu'il existe une relation intime entre cette perméabilité et la densité de l'espace (liée à la texture) dans lequel le métabolisme se produit. En d'autres termes : plus la densité est faible, plus la perméabilité est élevée, plus le métabolisme est important. Et : plus la densité est élevée, plus la perméabilité est faible, moins le métabolisme est important. C'est la physique et la chimie dans sa forme la plus simple.

 

Par conséquent nous pouvons nous demander ce qu'une contrainte (physique), et certainement un schéma de contrainte, peut signifier pour le métabolisme (chimique) d'un organisme ? Que peut signifier un schéma de contrainte pour l'équilibre dynamique d'un organisme tel qu'une cellule, un tissu, un organe, et même un organisme complet ?

 

Les connaissances de base en chimie et en physique nous montrent qu'une contrainte modifie la densité et par conséquent, la perméabilité de l'espace dans lequel la contrainte est présente. En d'autres termes : une contrainte est tout à fait capable de modifier l'expression métabolique d'un équilibre dynamique. Elle devient une expression métabolique assiégée. Qu'une contrainte entraîne une modification du comportement métabolique, cela devrait être évident. Cependant, ça ne conduit pas nécessairement à un inconfort ou à une maladie ! N'oublions pas qu'il existe une caractéristique de résilience. Cette caractéristique permet à toute forme de répondre à la condition environnementale sans être définie comme "anormale". En termes chimiques : une contrainte va influencer la chimie d'un organisme mais même un changement de gradient de concentration (valeurs chimiques) représente une certaine "normalité".

 

C'est lorsque la contrainte augmente au point de devenir un schéma de contrainte (déviation directionnelle vers la voie de moindre résistance) que les conditions du métabolisme changent radicalement. C'est à ce moment-là que le phénomène métabolique va aux limites de la normale. C'est à ce moment-là que le métabolisme modifié va se transformer en signes cliniques. Ces signes cliniques ne sont pas seulement caractérisés par un changement du métabolisme (fonction) mais aussi par un changement des composants structurels dans leurs relations positionnelles (forme).

 

LE SCHEMA DE CONTRAINTE - LES SENTINELLES

 

Lors de l'étude de la physiologie, nous butons sur le chapitre des systèmes de communication (voir la définition précédente de la physiologie). En fait, ce qui est décrit est l'impact d'une interaction chimique dans une certaine région de l'organisme sur une autre région de ce même organisme. L'essence (physique) de cette description se situe dans "l'espace des paramètres" présent entre les deux régions. Si la distance est assez courte, l'auteur décrira l'événement chimique comme une communication autocrine ou paracrine. Dès que la distance devient plus grande, l'interaction sera décrite comme une communication télécrine. En ce qui concerne cette communication télécrine, veuillez noter que selon la structure de transport, la communication sera définie comme endocrine ou neurocrine (respectivement fluide comme courant dans un tube ou fluide comme courant dans le prolongement d'une cellule).

 

Remarque concernant la communication endocrine : il devient évident à quel point les lunettes de la science sont devenues précises (= limitées) et chimiques. Toute personne ayant étudié la physiologie répondra immédiatement au terme endocrine par l'idée d'hormones (molécules, substrats chimiques d'un phénomène métabolique). Mais qu'en est-il du fait que ces soi-disant hormones doivent être transportées par un fluide pour arriver à un certain endroit ! Cela ne joue-t-il pas un rôle important ? ! Surtout si l'on considère que le flux sanguin veineux peut être influencé dans ses caractéristiques hémodynamiques par un schéma de contrainte (Resnick & Halliday, Physics 1, chapitre 17 & 18, 1966) lorsque la direction du schéma croise le courant ! Et il ne fait aucun doute que ce même "principe" est également valable pour la fonction d'un nerf (transport axoplasmique de substances chimiques spécifiques, qui en neurophysiologie sont appelées neurotransmetteurs au lieu d'hormones) !

 

L'interaction chimique entre certaines régions, proches ou éloignées les unes des autres, dépend du facteur de perméabilité. En d'autres termes : quelle est la résistance au transport d'une information chimique ? Un transport qui est (éventuellement) assuré par le fluide du tissu conjonctif. Un transport qui est déterminé par le niveau de densité (procédé sol-gel du tissu conjonctif). Une densité qui est déterminée par la tension qui provient des relations positionnelles entre les structures dans cette région. Et remarquez que la contrainte peut être localisée par rapport à n'importe quel type de structure du tissu conjonctif. Il ne faut donc pas croire que, parce que nous parlons de perméabilité (fluide), la contrainte, par exemple, ne peut pas être localisée dans les fibres. Une contrainte croissante (résistance) dans la dimension des fibres (tension) entraînent une poussée du fluide dans cette région, ce qui entraîne par conséquent une modification de la densité et de la perméabilité !

 

Nous pouvons conclure que la contrainte, en tant qu'événement physique, a un impact sur le métabolisme dans l'espace dans lequel la contrainte apparaît. Dès que nous avons affaire à un schéma de contrainte, nous avons affaire à une nouvelle situation : des caractéristiques directionnelles de type trajectoire. Le terme "trajectoire" signifie qu'il existe désormais une "direction principale" dans l'espace et dans le temps. Cette direction principale a un impact directeur sur l'événement métabolique. Le volume de l'espace dans lequel le métabolisme est influencé dépend du nombre de structures et de relations qui sont impliquées par les caractéristiques trajectorielles du schéma de contrainte.

 

Nous avons vu précédemment qu'un schéma de contrainte transforme le métabolisme en ce que l'on appelle des signes cliniques. Ces signes cliniques peuvent être compris comme des sentinelles qui nous avertissent de pathologies futures et d'autres expressions de problèmes et de maladie. Ces signes cliniques, ces sentinelles nous indiquent que quelque chose ne tourne pas rond. Malheureusement, de nombreux collègues (en particulier les jeunes générations) ne remarquent pas ces signes lorsqu'ils observent leurs patients. Au lieu de cela, on dirait qu'ils sont devenus des experts dans la plantation de drapeaux de différentes couleurs : vert, orange et rouge. Au lieu d'être capables d'identifier ces sentinelles et de comprendre leur signification pour le patient, ils passent beaucoup de temps à compter les couleurs avant de se lancer dans la "partie ostéopathique". C'est à se demander quels cours ils ont suivi. Sérieusement, qui organise ce genre de cours pour les futurs ostéopathes ? Qui a si peu confiance dans l'expertise des fondements de l'ostéopathie ? Qu'est-ce qui les rend si peu sûrs d'eux qu'ils cherchent désespérément un refuge sur d'autres rivages avant de poursuivre leur voyage ? Cela soulève la question de savoir ce qu'ils ont étudié dans le contexte de l'ostéopathie ?

 

Cela soulève la question suivante : n'ont-ils pas lu les livres d'A.T. Still ? Parce que s'ils l'avaient fait, n'auraient-ils pas reçu suffisamment de conseils pour devenir un expert de la Forme et de la Fonction, dans la maladie et dans la santé ? Oui. Différent d'un médecin, mais ni meilleur ni pire ! S'ils avaient étudié à fond la littérature de Still, ils auraient certainement remarqué l'importance de ces sentinelles - auxquelles même certains médecins ne prêtent aucune attention ! Et même s'ils avaient lu les écrits de Still (A.T. Still, Philosophie et Principes Mécaniques de l’Ostéopathie, chapitre III - Mission du Docteur, page 72), comment se fait-il que tant de gens ne remarquent pas ces changements dans la forme et la fonction de leurs patients ? C'est comme s'ils allumaient leur radio mais ne réglaient pas la bonne fréquence pour pouvoir entendre le message de la station qui joue l'air métabolique avec des instruments mal accordés. Il semble que dans la plupart des cas, ils n'utilisent que leur cadre de référence anatomique macroscopique limité ! Certains ostéopathes des jeunes générations (avec le temps et souvent longtemps après leur diplôme) prennent conscience de l'importance de reconnaître ces signes cliniques. Et hop, ils commencent même à comprendre que ces signes cliniques expriment un métabolisme en état de siège. Mais malheureusement, comme souvent, ils semblent incapables de voir ou de faire le lien avec les aspects physiques parce qu'ils n'ont pas les connaissances anatomiques nécessaires et ô combien importantes sur lesquelles Still insiste sans cesse ! Où sont/étaient leurs professeurs (A.T. Still, Autobiographie, chapitre 12, page 162) ? !

 

EST-CE VRAIMENT SI DIFFICILE ?

 

SYMPTÔME, SIGNE CLINIQUE = DYSFONCTIONNEMENT = TECHNIQUE ?

 

On dirait que notre cher Andrew avait une boule de cristal. Ou quelque chose comme ça. Ou bien est-il simplement intemporel ? Quoi qu'il en soit, dans sa "Philosophie de l'ostéopathie, page 205", il consacre un paragraphe au titre "La dégénérescence mentale rend la chose désagréable pour le penseur original" («Mental degeneration makes it unpleasant for the original thinker« ). Ce faisant, il nous fait prendre conscience que nous devons veiller à ne pas gaspiller notre temps et nos efforts pour les collègues qui ont choisi le raccourci. Il nous conseille de continuer en montrant les faits et les résultats de l'ostéopathie - en espérant que certains d'entre eux ouvriront leurs yeux et leurs oreilles aux faits de la raison.

 

Cher Andrew, as-tu la moindre idée de l'ampleur de la masse de collègues qui s'est formée à ce jour ? Surtout ces collègues qui semblent préférer le raccourci "symptôme-dysfonction-technique" parce qu'apparemment, ils ne sont pas prêts à faire l'effort d'étudier l'anatomie dans toutes ses dimensions. Ils ne sont pas prêts à faire l'effort intellectuel de réfléchir à la signification de l'anatomie parce que trop souvent ils sont convaincus que la formule [enseignement médical/kinésithérapie + quelques techniques ostéopathiques] est égale à [maintenant je suis ostéopathe]. Et ce, malgré le fait que toi, mon cher Andrew, tu nous incites à faire autrement : A.T. Still, Autobiographie, chapitre 12, page 162, ... L'ostéopathie ne peut être transmise uniquement par les livres. Elle ne peut pas non plus être enseignée intelligemment à une personne qui ne comprend pas parfaitement l'anatomie à partir des livres et de la dissection. ... Il n'agit pas avec raison car il ne connaît pas suffisamment l'anatomie pour raisonner. ... C'est la philosophie de l'ostéopathie dont le praticien a besoin ; il est donc indispensable que vous connaissiez cette philosophie, sinon vous échouerez lamentablement et vous n'irez pas plus loin que le charlatanisme du " hasard ". ....

 

ORIGINAL : A.T. Still, Autobiography, chapter 12, page 162, … Osteopathy cannot be imparted by books only. Neither can it be thought to a person intelligently who does not fully understand anatomy both from books and dissection. …He does not act from reason, because he does not know enough anatomy to reason from. … It is the philosophy of osteopathy that the operator needs; therefore it is indispensable that you know this philosophy or you will fail badly and get no further than the quackery of “hit and miss”. ….

 

Oui, il est assez facile d'appliquer en pratique le concept de "symptôme-dysfonction-technique". Et ce n'est pas seulement un phénomène moderne, mais aussi un phénomène de toutes époques (par exemple, E.F. Ashmore, Osteopathic Mechanics, Kirksville, 1915). Cependant, quoi que le courant dominant réductionniste puisse promouvoir, ce n'est pas ce qu'est l'ostéopathie ! Et cela ne vient pas de moi mais d'A.T. Still lui-même. Et malgré ce que certains collègues, certains conseils d'administration d'écoles ou de syndicats professionnelles peuvent prétendre comme "Still est dépassé, l'ostéopathie a évolué", les principes ainsi que les fondements de l'anatomie (y compris la physiologie) sont intemporels et justes. Qu'est-ce qui vient ensuite, que la gravité n'existe plus parce que nous pouvons voler jusqu'à la lune ? Les principes sont élémentaires mon cher Watson, élémentaires ! (A.T. Still, Philosophie et Principes Mécaniques de l’Ostéopathie, Page 62, ... Notre science est jeune mais les lois qui régissent la vie sont aussi vieilles que l’origine de l’univers. ...)

 

Remarque : certaines écoles et certains syndicats professionnels considèrent même que la philosophie n'est pas scientifique. C'est un autre argument de leur part que d'affirmer que les écrits d'A.T. Still ne sont plus de notre temps. Ils qualifient la lecture de ses livres de perte de temps, sans parler de l'étude de sa philosophie. Je me demande vraiment s'ils comprennent le sens du mot philosophie. Plus que certainement, non ! Ils ne voient pas qu'il y a deux sortes de sciences : syllogistique et numérique. Ils ne voient pas que la philosophie est la science la plus ancienne et qu'elle a donné naissance à l'ensemble des règles de raisonnement. C'est l'ensemble des règles permettant d'arriver à une conclusion satisfaisante qui est également utilisé dans la science numérique, plus jeune. Il est clair qu'ils ne la connaissent pas. Ils semblent ne connaître qu'un seul langage, le langage des nombres (même sans raisonnement), et cela leur suffit pour qualifier A.T. Still de "plus de ce temps" où tout doit être de la "science fondée sur des preuves". S'il vous plaît, considérez que le plus haut diplôme académique qu'une personne puisse recevoir comme récompense et reconnue par la science est un doctorat. Ces distingués collègues des conseils d'administration des écoles et des syndicats professionnels connaissent-ils seulement la signification de cette abréviation ! Leur jugement condescendant sur la philosophie n'est-il pas une "contradictio in terminis" ? ! Alors, qui appelle la science d'A.T. Still "Ph.oolishe.D." ?  (jeux de mot avec Ph. D (Doctorat) et Foolish-e : Idiot)

 

LA PHYSIOLOGIE DANS UNE PERSPECTIVE OSTÉOPATHIQUE

 

La physiologie est une branche importante de l'anatomie pour tous les ostéopathes, cela ne fait aucun doute. Cependant, dans un cadre de référence réducteur, [symptôme = technique ostéopathique]2, la physiologie ne peut pas fournir les connaissances tant demandées pour combler les lacunes des échecs pratiques de certains ostéopathes. Certainement pas lorsqu'il n'existe aucun lien entre la connaissance de nombreuses réactions chimiques et le travail physique (technique) de l'artisan. Alors, mes chers confrères, ne serait-il pas plus satisfaisant de cesser de courir de cours de technique en cours de technique où l'on apprend à copier la "technique-variation-numéro-124bis", complétée par une soi-disant explication physiologique complètement déconnectée ? Ne serait-il pas plus utile de s'arrêter, de s'asseoir, d'étudier l'anatomie du vivant et de se poser la question : comment un schéma de contrainte peut-il s'exprimer par certains signes cliniques/symptômes/pathologies ? Comment pouvons-nous comprendre en raisonnant (avec des arguments anatomiques !) quelle est la véritable signification d'une contrainte pour le problème de notre patient ?

 

Nous avons déjà remarqué qu'un schéma de contrainte a un impact sur le métabolisme de la cellule, du tissu, de l'organe, et même de l'organisme entier. Et tant que la localisation du schéma de contrainte correspond à la localisation du symptôme, du signe clinique, voire de la soi-disant dysfonction, les ostéopathes réductionnistes seront heureux et convaincus qu'ils ont vu juste, qu'ils sont les meilleurs car ils ont trouvé la cause de l'effet. Mais dites-moi, quand ils sont si convaincus d'avoir vu juste, pourquoi courent-ils encore de séminaire en séminaire pour tenter de trouver la "technique manquante" pour ce symptôme particulier qui n'a pas bien fonctionné ? Ne se sont-ils pas demandé comment est-il possible que cette technique fonctionne pour cette douleur lombaire et pas pour cette gêne lombaire ! Ne se sont-ils pas demandé comment est-il possible qu'un collègue fasse un incompréhensible massage de tête ou du ventre et que s’en suive la disparition de la lombalgie? Pensent-ils vraiment que la réponse réside dans le fait qu'ils ne connaissent pas (encore) telle ou telle technique spécifique ? Si tel était le cas, au lieu de dépenser plus de temps et d'argent pour des cours supplémentaires, cet ostéopathe ne devrait-il pas retourner chez ses professeurs et demander un remboursement parce qu'ils ont échoué dans leur tentative de former un ostéopathe correct et complet ? Une fois encore, je souhaite que le lecteur porte à son attention les paroles suivantes d'A.T.Still : Philosophie de l'ostéopathie, Préface, page 2, ... Mon objectif dans cet ouvrage est d'enseigner les principes tels que je les comprends, et non les règles. Je ne demande pas à l'étudiant de frapper ou de tirer tel ou tel os, nerf ou muscle pour telle ou telle maladie, mais par une connaissance du normal et de l'anormal, j'espère donner une connaissance spécifique pour toutes les maladies. Chaque principe énoncé ici a été suffisamment expérimenté par moi-même et s'est avéré exact. ...

 

ORIGINAL : Philosophy of Osteopathy, Preface, page 2, … It is my objective in this work to teach principles as I understand them, and not rules. I do not instruct the student to punch or pull a certain bone, nerve or muscle for a certain disease, but by a knowledge of the normal and abnormal, I hope to give a specific knowledge for all diseases. … Every principle herein laid down has been fairly well tested by myself, and proven true. …

 

Donc, au lieu de chercher une autre nouvelle technique pour résoudre le problème, pourquoi ne pas considérer la question suivante : se pourrait-il que le schéma de contrainte soit situé dans une autre partie du corps humain ? Donc pas dans le même espace que celui où nous situons le symptôme/signe clinique ? Se pourrait-il que le symptôme soit effectivement un effet comme le prétend Still ? Un effet qui devrait être compris comme un événement métabolique assiégé par un schéma de contrainte ? Oui, une selle grasse est un signe clinique qui indique que la physiologie de la digestion des graisses est perturbée. Oui, cela peut être une indication que la vésicule biliaire pourrait être impliquée. Mais cela signifie-t-il automatiquement que le soi-disant "dysfonctionnement viscéral" doit être situé dans l'espace de la vésicule biliaire, ou peut-être du foie ? De plus, il est peut-être exact que nos connaissances physiologiques nous indiquent l’existence d’une hormone spécifique appelée CCK-PZ qui influence la sécrétion de bile, ou la sécrétine qui influence le métabolisme du foie dans la production de bile. Mais le signe clinique signifie-t-il vraiment qu'il doit y avoir un problème fonctionnel au niveau de la muqueuse du duodénum ? Sommes-nous vraiment convaincus que, dans ce contexte de connaissances physiologiques, une "technique du duodénum" résoudra le dysfonctionnement viscéral et modifiera le signe clinique ? Si c'est le cas, alors pourquoi pas toujours - pour ne pas dire exceptionnellement seulement une fois de temps en temps ? Manque-t-on d'une technique adéquate ou s'agit-il simplement d'un manque de connaissances anatomiques ? Il est si évident que ces ostéopathes ne voient pas que les systèmes de communication physiologiques peuvent être situés dans différentes parties du corps. Alors que penser de ce slogan "le corps est une unité" quand ces ostéopathes ne comprennent pas que, régulièrement, ces systèmes de communication sont très loin de la localisation du métabolisme actuel qui peut être modifié (à distance) en un signe clinique et même un symptôme ou une pathologie ! Il ne faut pas sous-estimer l'impact d'un schéma de contrainte sur la vascularisation et l'innervation des tissus, des organes et même de l'organisme entier ! Surtout si l'on considère que certains schémas de contrainte, une déviation de la contrainte par des structures alignées, peuvent croiser le parcours des vaisseaux sanguins (veines !) et des nerfs. Le manque de connaissance et de compréhension de ces zones cibles anatomiques (points de croisement des schémas) ne peut être compensé par une technique spécifique. Et pas davantage par une augmentation des connaissances physiologiques de la chimie, quel que soit le nombre de détails moléculaires dont nous parlons !

 

CONCLUSION

 

Nous devons nous accorder sur le fait que nous ne sommes pas d'accord avec l'approche des fondements de la profession ostéopathique. L'anatomie, l'histologie, la cytologie, la (bio)chimie, et oui la physiologie aussi, contiennent beaucoup d'informations qui sont partagées avec d'autres professions médicales et paramédicales. Mais c'est la différence d'approche, c'est la différence dans la façon de relier les points, c'est la philosophie d'A.T. Still qui détermine comment nous devons regarder et traiter ces faits et ces chiffres. Présenter ces connaissances dans une formule "copier-coller" de la médecine et du paramédical (par exemple la kinésithérapie) n'est pas utilisable pour les ostéopathes. Malheureusement ce comportement de copier-coller est devenu courant dans la plupart des instituts qui diffusent des connaissances aux futurs (et actuels) ostéopathes. La conséquence est que chaque année, des ostéopathes ayant une mentalité médicale/kinésithérapeutique, armés d'une boîte à outils de techniques dites ostéopathiques sortent de ces établissements. Certaines de ces écoles profitent même de cette situation et proposent des programmes supplémentaires pour combler les lacunes thérapeutiques. Cependant, ces lacunes ne devraient pas être localisées dans les mauvaises compétences de la main mais dans le mauvais raisonnement du cerveau. Un mauvais raisonnement qui résulte d'un manque d'arguments (anatomiques) !

 

De nombreuses écoles d'ostéopathie et associations professionnelles ont un comportement de copieur évident. Elles copient des modèles qui sont d'usage courant dans les institutions médicales et paramédicales. Cela a conduit à la production de soi-disant ostéopathes crâniens, ostéopathes viscéraux, ostéopathes pédiatriques, etc. L'objectif ne devrait-il pas être de former des ostéopathes capables de travailler dans le champ crânien, le champ viscéral, le champ pédiatrique, ... le champ de l'être humain dans son ensemble ! Comment quelqu'un peut-il être spécialisé dans un certain domaine de l'être humain s'il ne comprend pas entièrement la forme et la fonction de l'ensemble au départ ? La spécialisation sans une base solide, à quoi bon ? Les ostéopathes d'aujourd'hui et de demain ont besoin d'une grande connaissance de la Forme et de la Fonction dans toutes les dimensions avant de se pencher sur des aspects spécifiques de l'être humain.

 

Ostéopathie : pas de physiologie ? Non. La physiologie est une branche importante du programme d'études des ostéopathes actuels et futurs. Mais comme l'a déjà dit A.T. Still, elle devrait être bannie chaque fois qu'elle est présentée d'une manière qui ne convient pas à l'ostéopathe dans sa compréhension de la Forme & Fonction. Et c'est indéniablement trop souvent le cas, tant dans l'enseignement de base que dans les séminaires post-gradués. Cela ne convient pas parce que les cours ne font pas le lien entre la physiologie et les autres dimensions de l’être humain anatomique. Trop souvent, les professeurs n'ont pas une connaissance approfondie de l'anatomie humaine. La plupart des professeurs ne connaissent l'anatomie que dans les livres et n'ont que peu, voire aucune expérience de la dissection (le simple fait de regarder ne compte pas !).

Dans la plupart des cas ils l'ont appris dans le bon vieux style "ana-tomei" utilisé en médecine et en paramédical (l'anatomie fonctionnelle ne compte pas !). N'ayant pas ou à peine lu la littérature de Still (les ouï-dire ne comptent pas !), ils ne peuvent être considérés comme connaissant parfaitement la philosophie ostéopathique. Alors à quoi servent leurs connaissances si le contexte philosophique tellement important n'est pas là ?

 

Beaucoup plus de temps et d'efforts devraient être consacrés à l'étude et à la discussion de la philosophie ostéopathique. Plus de temps et d'efforts devraient être consacrés à l'étude et à la discussion des principes de la nature, qui sont loin d'être dépassés, malgré ce que certaines autorités autoproclamées peuvent prétendre. Au lieu d'augmenter le nombre de techniques. Au lieu de "perfectionner" l'approche manuelle à un niveau ridicule. Au lieu de perdre du temps avec des répétitions incessantes. Au lieu de courir de séminaire en séminaire dans l'espoir désespéré de trouver la "technique ostéopathique manquante". Au lieu de nous perdre dans d'interminables détails chimique. Il serait beaucoup plus utile pour le futur ostéopathe d'utiliser ce temps pour réfléchir à la philosophie d'A.T. Still et à la manière dont toutes ces connaissances s'intègrent dans la compréhension de la forme et de la fonction de l'homme, dans la santé et dans la maladie. D'une manière si éloignée de la médecine, de la kinésithérapie, de la chiropraxie, etc. que nous devons admettre que nous ne sommes pas d'accord sur la manière dont nous considérons le même être humain. L'une n'est pas meilleure ou pire que l'autre, mais elle est différente. Nous devrions l'accepter et suivre notre propre chemin ! Si vous souhaitez désespérément être reconnu par la profession médicale, alors commencez à étudier la médecine. Si vous souhaitez être reconnu en tant qu'ostéopathe, alors commencez à étudier l'ostéopathie.

 

Les allers-retours dans des séminaires spécifiques dits spécialisés, qu'il s'agisse d'un endoctrinement technique ou physiologique/clinique à l'ancienne, n'ont aucun sens. Cela n'a aucun sens tant que le participant n'est pas familiarisé avec toutes les branches de l'anatomie, comme Still l'a si souvent affirmé dans ses écrits. Ni une nouvelle approche manuelle, ni une physiologie colorée ne comblent les lacunes de l'ostéopathe en matière de forme et de fonction tant qu'il ne voit pas comment les structures et leurs relations positionnelles peuvent être visualisées dans des "images vivantes de l'anatomie". Des images du normal qui aident l'ostéopathe à comprendre l'anormal. Une étude guidée par des enseignants qui en comprennent parfaitement le sens est plus que nécessaire. Au lieu d'enseignants qui ont perfectionné une certaine dextérité pratique du point de vue de la dysfonction. Les enseignants qui ne peuvent ou ne veulent pas reconnaître et admettre cela ne voient pas la responsabilité et l'impact que leur enseignement a pour l'avenir de l'ostéopathie. Si l'on regarde ce que l'ostéopathie est devenue aujourd'hui cela ne semble pas prometteur, loin de là. Bien au contraire.

 

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Note : la photo a été tournée de 180° horizontalement pour des raisons éditoriales.

 

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