Inflammation – Infection – Immunité : Poser les point de repères, préparer les tranchées

26/04/2020

Texte Par Jean-Paul Höppner DO mro

Traduction Française Emmanuel Josse DO

Statistiquement, la situation liée au corona devait arriver. C'est indiscutable ! Nous avons oublié la pandémie de 1918 et cela malgré les avertissements clairs qui se présentent depuis le début de ce siècle (comme par exemple, le SARS en 2002 et le MERS en 2012).

Regardons les choses en face : il semble que nous étions en train de dormir debout. Notre société lutte en ce moment pour essayer de minimiser les dégâts. L'évolution dans le temps montre clairement que les tactiques et les recettes utilisées sont calquées d'un pays à l'autre, d'un continent à son voisin.  Ici où là, on observe quelques ajustements mineurs. Et, oui, à priori cela fonctionne. Bien que nous copiions nos voisins, il est possible d’apprendre de nos expériences passées et présentes et ce faisant, nous apprendrons à gérer la situation actuelle.

 

Et nous, en tant qu'ostéopathes, qu'apprenons-nous de cette situation ? Eh bien, de ce que l'on peut voir ou entendre, certains cherchent dans leur boite à outils, espérant trouver une technique appropriée ; pendant que d'autres se plongent dans leur bibliothèque, à la recherche de parchemins issus d'un lointain passé, espérant trouver de sages instructions que le vieux docteur aurait laissé… Sérieusement ?

 

Le Dr. Still ne nous a-t-il pas déjà montré sa stratégie, et celle-ci ne devrait-elle pas « être bien connue de tous les ostéopathes » ? Nous connaissons tous les principes, n’est-ce-pas ? Apparemment non ! Enfin, c’est ce qui transparait suite à la lecture des questions réponses émergentes sur les moyens de communication moderne : les réseaux sociaux. Sur ces mêmes réseaux, certains ostéopathes modernes ont affirmé que les principes de Still, sa philosophie, étaient dépassées. D’aucuns ont déclaré qu’il s’agit tout juste d’un vestige du passé ! « La science a évolué, l’ostéopathie également » – les « preuves » scientifiques justifiant leur posture. Par là même, ils légitiment cette question : à quoi bon se donner la peine d’enseigner le passé ?

 

Ces derniers jours, alors que les patients sont en détresse, les conséquences de cette conception moderne sont évidentes. Actuellement, une douleur de « tennis elbow » ou une rachialgie sont devenus caduques. Cette détresse est d’une autre sorte. De fait, elle requière une autre tactique, un autre traitement, une autre technique ! N’est-ce pas ? Pensez-vous que cela soit vraiment le cas ? … Car les principes de base de la vie sont les mêmes depuis toujours et ne sont, au grand jamais, devenu obsolètes. Ils ne se rapportent pas plus à une condition d’être-mal (original : dis-ease) en particulier.

(A.T. Still, Philosophie de l’ostéopathie, page 2 de la préface : « Mon objectif dans ce travail est d’enseigner les principes tels que je les comprends, et non des règles. […] mais par la connaissance du normal et de l’anormal, j’espère transmettre un savoir valable pour toutes maladies. »)

 

Au sein de la tempête faisant actuellement rage d’un pays à l’autre, et d’un continent à son voisin, il semble que l’ostéopathie ai été reléguée sur le banc de touche. Nous devons cependant garder à l’esprit que, dans les semaines et mois à venir, nous serons tous amener à recevoir de nombreux patients « guéris » de ces processus inflammatoires plus ou moins intenses. Cliniquement, ils auront récupéré, et en apparence, la bataille aura été gagné. Cependant, ils en garderont des séquelles.

La question est de savoir comment allons-nous soulager leur mal-être. Comment allons-nous nous préparer à cette bataille ? Essayons donc de reprendre ces « vieux » principes en une version plus « jeune et chic ».

 

Où cela commence

 

LA CELLULE

 

La première chose que nous devons nous demander est : où cela débute-t-il ? où débute quoi d’ailleurs ? La vie, tout simplement. Si nous respectons les étapes chronologiques, cela débute par l’énergie, suivie de la matière, s’organisant en molécules, puis en biomolécules et aboutissant à ce système complexe adaptatif que nous appelons « cellule » (C. De Duve, Poussière de vie – une histoire du vivant, 1995 ; EVOST – Girardin-Höppner). Le niveau de complexité atteint par la forme cellulaire est associé au terme de « vie ». La plupart d’entre nous nous référons à ce terme en tant que nom commun. Il serait plus adapté de le prendre en tant que verbe, car il s’agit d’un phénomène. Un phénomène que l’on peut aussi décrire comme le comportement « d’être vivant ». Il s’agit ici de beaucoup plus qu’une représentation « simplette » d’immobilité.

 

ÊTRE VIVANT

 

Que devons-nous comprendre par « être vivant » ? Eh bien, ce n’est ni plus ni moins qu’un comportement particulier qui aspire à maintenir sa forme initiale. Quand cela n’est plus possible, subséquemment la forme changera. Nous pouvons nous demander d’où provient ce comportement « d’être vivant » ? Pour y répondre, nous devons avoir conscience que le comportement est associé à la « forme » et à sa signification. C’est-à-dire que « la Forme et le Comportement » sont indivisibles. Donc si l’on veut comprendre le comportement, il nous faut également concevoir ce qu’est la forme.

 

La cellule possède une forme spécifique. Cette dernière résulte d’un certain nombre d’éléments structuraux et de leur relation positionnelle. Ces deux caractéristiques jouent un rôle majeur dans le comportement « d’être vivant ». Les deux prennent part d’une manière significative dans la propension à maintenir la forme initiale, en dépit de changements constants dans l’environnement. Ces changements incessants dans l’environnement induisent une contrainte sur les structures et sur la relation positionnelle que ces structures ont entre-elles. Ces éléments structuraux et leur relation positionnelle font résistance à cette influence environnementale (Outside-inside phenomenon ; A. Gurwitsch & H. Driesch, 1907, 1920, 1944).

 

Certains auteurs décrivent la cellule comme un système complexe adaptatif. Dit autrement : « complexe » se réfère à un grand nombre de relations, où le tout est plus grand que somme des parties (1+1=3). « Adaptatif » renvoie au fait que la cellule, en tant que tout (une unité), est capable de répondre à cette influence de l’environnement. Cette propriété d’adaptation peut s’observer de deux manières. Première possibilité, la cellule est capable de répondre sans que cela n’ait de conséquence immédiate sur sa forme. Quelques auteurs nomment cela « la résilience de la forme ». La plupart d’entre nous connaissons cela sous l’appellation de « métabolisme », qui en est le synonyme. Est-ce le seul ? Non, il existe une seconde possibilité pour laquelle la propriété d’adaptation est observée. Dans ce cas, la résilience n’est pas suffisante pour résister aux influences environnementales. La relation positionnelle entre les structures de la cellule ne peut être maintenue. Les influences environnementales surpassent cette résistance. En conséquence, la structuration de la cellule va se modifier – ce qui revient à un changement de la forme. L’adaptation devient une transformation, qui se traduit pour la cellule soit par une apoptose (décomplexification), soit par une réorganisation interne (complexification).

 

À PROPOS DU MÉTABOLISME ET DE LA FONCTION

 

Chaque cellule est caractérisée par sa forme. Cette forme résulte des éléments structuraux qui la compose et de leur relation positionnelle. Ces deux caractéristiques permettent à la cellule de maintenir sa configuration initiale. Elles permettent à la cellule de maintenir sa forme, malgré les changements perpétuels qui surviennent dans son voisinage immédiat. Comme nous venons de le voir, cette disposition à conserver sa forme peut être décrite comme étant le comportement de cette cellule. Jusqu’ici, tout est simple et clair. Mais.

 

La confusion Babylonienne survient lorsque nous perdons de vue ce principe de base et commençons à jongler avec des termes tels que fonction.

 

Soyons clair : le comportement élémentaire d’une cellule est son « métabolisme ». Ce métabolisme peut aussi être décrit comme étant une fonction. Mais alors, quelle est la différence entre ces deux termes ? Facile. Décrivons en détail le phénomène métabolisme.

 

Pour commencer : prenons une cellule et son environnement. Cet environnement se modifie constamment. A chaque fois que l’espace de cet environnement fluctuant se superpose à une partie de la cellule, la relation positionnelle des structures cellulaires est éprouvée. Le comportement de la cellule, son aptitude à maintenir sa forme, dépend à ce moment de différents paramètres : tout d’abord le type de contrainte subie par la cellule. Deuxièmement la configuration (la structuration) de la cellule elle-même. Ce qui signifie que chaque type de comportement, chaque métabolisme va s’exprimer différemment en fonction de ces deux paramètres et de leur modulation. La différence apparente dans l’expression du comportement élémentaire d’une cellule, son métabolisme, peut être appelé fonction. Que le métabolisme soit apparenté à une fonction dépend donc de l’arrangement contextuel de ces deux paramètres spécifiques.

 

Regardons donc les caractéristiques de ce métabolisme. Gardons à l’esprit qu’il s’agit d’un processus continu. Cependant, dans la majorité (sinon dans tous) des livres, ce métabolisme est scindé en de multiples évènements singuliers aligné bout à bout (illustration 1).

 

 

    • 1ère étape : une substance de l’environnement (par exemple : une molécule de sucre) entre dans l’espace intra-cellulaire.
    • 2ème étape : cette substance est trans-formée par son interaction avec le « nouvel » environnement dans lequel elle se trouve (l’intérieur de la cellule) – dans les livres de physiologie, cette deuxième étape est décrite par de nombreuses réactions et interactions chimiques. Cette transformation se produit soit directement au sein du nouvel environnement (par exemple : la glycolyse), soit dans un espace encore différent, suite à la pénétration dans un organelle de la cellule (par exemple : les mitochondries où le processus de transformation du glucose est décrit comme étant le cycle de Krebs). Chaque étape de ce processus chimique est conforme au principe de comportement, mais appliquée à des dimensions et à des niveaux de complexité différent ! Dans les livres de physiologie, chacune de ces étapes est décrite comme une fonction. Nous avons là une démonstration parfaite de comment quelque chose de simple (un principe) peut être rendu incroyablement difficile (des exemples détaillés). D’autant plus quand ce principe n’est pas connu ou qu’il a été laissé de côté !
    • 3ème étape : les substrats (souvent nommés catabolites) des étapes 1 & 2 finissent par quitter l’espace intra-cellulaire et entrent dans l’environnement. Il ne fait aucun doute que l’on peut décrire une fonction spécifique pour chaque déplacement de chaque catabolite pris individuellement.

 

Mais, pourquoi donc rendre tout cela si difficile dès le départ. Laissons-nous le temps de comprendre le principe « d’être vivant », laissons-nous d’abord comprendre l’intégralité de ce dont le métabolisme rend compte. (A.T.Still, Philosophie de l’ostéopathie, Chapitre 10, page 168 : « […] Notre école est jeune, mais les lois qui gouverne la vie sont aussi vieille que le monde. »)

Illustration 1: Dessin schématique d’une cellule. Le cercle noir épais représente la membrane cellulaire. Le cercle noir fin légèrement décentré représente une organelle cellulaire. Dans cet exemple, il pourrait s’agir d’une mitochondrie. Mais il pourrait aussi représenter le noyau cellulaire ou tout autre organelle. La flèche verte indique le déplacement d’une molécule, dans cet exemple, une molécule de glucose. Les petits cercles violets sont des agrandissements montrant ce qu’il se passe à ces emplacements spécifiques. Cela correspond aux trois étapes différentes qui caractérisent le métabolisme. (Source : J.P. Höppner – Life as a verb, Maaseik 20?? A paraître)

SI SEULEMENT NOUS N’ETIONS QU’UNE CELLULE !!

 

Tant que nous n’étions constitués que d’une cellule, l’adaptation à notre environnement n’était pas si compliquée. Ok, à partir du « big bang », il a fallu environ 10 milliards d’années pour parvenir à ce que la première forme cellulaire se développe. Mais une fois cette forme élaborée, il est devenu assez facile de la maintenir. En revanche, beaucoup de choses ont changées à partir du moment où un organisme multicellulaire est advenu.

 

Au début, la vitesse de transformation d’une cellule était relativement lente. Il a fallu presque 1 milliard d’années pour passer d’un procaryote à un eucaryote. Pourtant, à partir des eucaryotes, des changements comme la transformation d’une simple cellule en un organisme multicellulaire s’est produite de manière exponentielle. Il est intéressant d’observer que lors du développement embryologique, ces étapes ne prennent que quelques heures. Tout au plus quelques jours. Les présenter ici par écrit prend encore moins de temps car le principe reste relativement simple.

 

Chronologiquement :

 

1) Tant que le métabolisme peut répondre au stress de l’environnement, la forme de la cellule ne change pas.

2) Si le métabolisme n’est pas capable de compenser ce stress, la cellule va se trans-former.

3) Dans le cas d’une transformation, il existe deux options : descendre d’un niveau de complexité ou monter d’un niveau.

 

La première option signifie que la cellule va se décomposer en ses différents éléments tandis que la seconde option implique la multiplication cellulaire. Avant que ce saut dimensionnel ne se réalise, un phénomène dit de « réorganisation interne » est observable. En regardant de plus près, il est possible de définir une chronologie claire : métabolisation => réorganisation interne => complexification (multiplication) ou décomplexification (apoptose). Cet algorithme se répète de nombreuses fois, conduisant à l’émergence d’un organisme multicellulaire.

Illustration 2: Cette image montre chronologiquement les étapes développementales de la transformation que subi une cellule dont le métabolisme ne parvient pas à conserver sa forme initiale. Le kyste est la forme de plus haut niveau de complexité qui puisse advenir à partir des transformations successives résultantes du métabolisme. Bien que le niveau de complexité augmente, il ne s’agit finalement que de la répétition du même simple algorithme. : métabolisation – réorganisation – transformation. Les flèches vertes dans l’illustration représentent les trajectoires des mouvements métaboliques (dynamiques des fluides). (Source : J.P. Höppner – Life as a verb, Maaseik 20?? A paraître)

L’environnement incorporé

 

LES CARACTERISTIQUES D’UN KYSTE

 

A partir du moment où une cellule s’est transformée en un organisme plus complexe, tel un kyste, le comportement métabolique des cellules de ce kyste va changer. C’est une conséquence directe des changements positionnels qui ont eu lieu. Dès que le stade développemental du kyste est atteint, les cellules qui délimitent la surface du kyste sont « prises » entre deux environnements liquidiens différents. L’un en dehors, l’autre en dedans. C’est une situation complètement nouvelle et cela a un impact manifeste sur le comportement de ces cellules : les cellules à la surface du kyste présentent un « métabolisme polarisé ». Cela implique qu’elles reçoivent un « input » métabolique depuis un côté de la cellule (étape 1) tandis que la sortie – « output » – s’effectue de l’autre côté de la cellule (étape 3).

 

En regardant de plus près la Forme & la Fonction du kyste, on peut différencier un milieu extérieur et un milieu intérieur. Bien que contre-intuitif, l’intérieur du kyste (la chambre fluidique) constitue le milieu extérieur. Ce milieu extérieur est en fait cette partie de l’espace où les sécrétions métaboliques aboutiront (la fin du cycle métabolique). Le milieu intérieur, appelé « source de l’information », est le véritable environnement du kyste. Je sais que cela peut être très perturbant. Pour comprendre cela, il nous faut changer de position en effectuant un saut dimensionnel : regarder le comportement à l’échelle d’une cellule et non à celle du kyste ! Cela devient vraiment très important à partir du moment où nous parlons de tissus tels que le « tissu de la frontière » (également appelé « tissu limitant » – voir ci-après). Nous oublions souvent que la Forme & la Fonction d’un tissu sont le résultat de la Forme & de la Fonction des cellules individuelles qui le composent. Afin de comprendre un tissu, il nous faut effectuer ce saut dimensionnel vers ces cellules et étudier leur comportement !! Au sein d’organismes encore plus complexes, comme le corps humain, le milieu intérieur est « la source d’information métabolique ». Donc, bien que situé à l’intérieur, le milieu intérieur est en fait l’extérieur des cellules et tissus d’un point de vue « métabolique ». Ces repères élémentaires, tout autant que ces comportements élémentaires sont déjà établis à ce stade de l’existence.

Illustration 3: Les cellules à la surface du blastocyste se situent entre deux environnements liquidiens différents. La chambre fluidique à l’intérieur du kyste représente le milieu extérieur. C’est l’endroit où sont rejeté les excrétions métaboliques. Bien que contre-intuitif, ceci implique que le milieu intérieur est à l’extérieur du kyste. (Voir également l’illustration 4)

NOTRE CORPS EN TANT QUE KYSTE

 

Notre corps est un organisme complexe. Il contient différents compartiments qui sont eux-mêmes construits de différents tissus. Chaque tissu est le résultat de multiples agrégations cellulaires. La nomenclature est variée et souvent très déconcertante car différents domaines scientifiques utilisent leur propre terminologie pour décrire la même Forme & Fonction … Cependant, cela ne devrait pas être si difficile. Il nous suffit juste de comprendre les principes.

 

Seulement deux types de tissus différents ? – Les cellules sont les briques d’assemblages des tissus. Les tissus le sont pour les organes, et les organes sont les parties structurelles d'un organisme. Au final, chaque organe est la combinaison des dérivés de différents types de tissus : Tissu de la Frontière et Tissu de l’Intérieur. La science a donné différents noms pour chacun d’entre eux.

    • en Embryologie : Tissu de la Frontière – Ectoderme & Endoderme // Tissu de l’Intérieur – Mésoderme
    • en Histologie : Tissu de la Frontière – Épithélium et muqueuse (également tissu neuronal ainsi que endothélium et mésothélium dans leur comportement – cependant ces deux derniers ne sont pas issu du Tissu de la Frontière dans leur origine embryologique) // Tissu de l’Intérieur – tissu conjonctif (et musculaire)

(Veuillez noter que dans certaines publications, le Tissu de la Frontière est appelé Tissu Limitant – E. Blechschmidt) ;

(Un argument prépondérant en faveur de deux tissus nous vient de l’oncologie, où il n’y a finalement que deux types de cancers : les carcinome (Tissu de la Frontière) et les sarcome (Tissu de l’Intérieur)

Illustration 4: Dans la partie gauche, deux feuillets embryonnaires sont visibles : l’ectoderme (en bleu) et l’endoderme (en rouge). Entre ces deux tissus de la frontière, il existe une petite zone appelée espace du tissu de l’intérieur. Dans cet espace, on observe une dynamique fluidique responsable pour les comportements métaboliques des deux feuillets embryonnaires (et aussi pour le feuillet embryonnaire mésodermal dans les stades plus tardifs du développement). Dans l’illustration de droite, nous retrouvons les deux tissus de la frontière dans une configuration anatomique qui nous est plus connue. La large zone verte représente le tissu conjonctif qui est un dérivé direct du tissu de l’intérieur embryonnaire (le mésoderme). (Source : J.P. Höppner – Life as a verb, Maaseik 20?? A paraître)

Forme & Fonction du Tissu de la Frontière – Ce tissu se caractérise par un très grand nombre de cellules formant des membranes. Ces cellules et les membranes qu’elles constituent délimitent la frontière d’un organisme. C’est-à-dire que le tissu de la frontière constitue la surface externe d’un organisme. Les cellules d’un tel tissu se retrouve prises entre deux espaces différents, à savoir le milieu intérieur et le milieu extérieur. Il est tentant de penser que l’environnement d’un organisme est son milieu extérieur. Et il l’est dans les faits. Mais uniquement si l’on raisonne dans cette dimension. Lorsque l’on regarde dans une autre dimension, celle des tissus et des cellules, on constate que c’est le soi-disant milieu intérieur qui est en fait leur environnement.

 

Comment pouvons-nous savoir cela ?

 

Très simplement, l’espace du milieu intérieur fournit les informations qui permettent le phénomène de métabolisme ! Ce métabolisme est polarisé, les cellules absorbent l’information provenant d’un côté (milieu intérieur = environnement) et excrètent de l’autre côté (milieu extérieur). L’excrétion des substrats du métabolisme à la surface du tissu de la frontière créée une fine couche de produits qui s’accumulent à l’extérieur de l’organisme. Cette couche de produits secrétés constitue une partie du fertilisant ou de la niche écologique pour ce que l’on appelle le microbiote. Ce terme – microbiote – se rapporte à un nombre important d’organismes vivant (notamment) grâce à ces produits de sécrétions du tissu de la frontière (illustration 5 & 6). La tendance actuelle de se focaliser et d’insister sur les moindres détails de ce microbiote, en oubliant de considérer le rôle fondamental du tissu de la frontière et sa contribution métabolique, est une grave erreur ! On pourrait le comparer à de la « pornographie microbiologique » : mettre un détail insignifiant sur le devant de la scène, au mépris de la totalité et de l’unité de la Forme et de la Fonction. Ce n’est pas constant, mais cela traduit la plupart du temps un manque de connaissance des principes sous tendant la Forme et la Fonction ! – Nous y reviendrons.

Illustration 5: Représentation schématique des micro-organismes présent sur la peau (Source : pinterest.com)

Forme & Fonction du Tissu de l’Intérieur – Ce tissu se défini par la présence de 4 composants fondamentaux : l’eau, la matrice, les cellules et les fibres (qui embryologiquement, apparaissent dans cette chronologie).

 

Le terme de matrice, dans le contexte de cet article, se rapporte à l’ensemble des minéraux et molécules, inorganiques et organiques, qui sont dissoutes dans l’eau. Fondamentalement, toute forme moléculaire qui n’est pas H2O.

 

Le nombre et la variété de cellules couvrent un large éventail. Bien souvent, le nombre de cellules présentes est si important, qu’elles masquent la présence des autres composants, alors que ces composants sont d’égale importance ! (par exemple : le tissu graisseux – il s’y trouve tellement d’adipocytes que les autres composants sont masqués ; en salle de dissection, nombreux sont les participants qui ne reconnaissent même pas les fibres du tissus conjonctif au milieu de toutes ces cellules graisseuses jaunes. En fait, ils ne voient même pas le tout comme une forme d’un tissu conjonctif !).

 

En parlant de fibres, nous pouvons en distinguer deux types principaux : les fibres de collagène et celles d’élastine.

 

Au cours des premiers stades du développement, la présence majoritaire d’eau et de matrice est caractéristique du tissu de l’intérieur. Seules quelques cellules sont présentes. Elles sont appelées cellules mésodermales dans la plupart des livres. Parfois, elles y sont même tout simplement définies comme étant le mésoderme, laissant de côté le fait que les cellules de ce feuillet embryologique sont complètement cernées par l’eau et la matrice !

 

Cela n’entraine que trop souvent une dissonance intellectuelle/mentale quant à l’importance de ces composants. En particulier, de leur impact sur le comportement de ces cellules !

 

Le tissu de l’intérieur est soumis à des transformations incessantes, au cours desquelles, tant le nombre que la variété ou la disposition de ses composants changent. Incidemment, les tissus conjonctifs futurs auront des formes et des comportements bien différents les uns des autres. A un extrême se trouve la forme la plus fluide : tissu conjonctif à l’état liquide à l’instar du sang. A l’autre extrême se trouve la forme la plus dense : tissu conjonctif à l’état solide en tant qu’os. Entre ces deux extrêmes, toute une palette de tissus allant du conjonctif lâche au ligaments, fascia, tendons, etc… Chacun ayant un comportement propre, une fonction différente. Deux types de comportements fondamentaux sont en fait distinguables : un comportement chimique et un autre physique. Pour un tissu conjonctif le comportement chimique se rapporte à son état de perméabilité.  C’est cet état qui permet un échange d’information chimique et qui détermine l’activité métabolique possible dans cet espace. Le comportement physique se rapporte lui à la résistance que possède un tissu conjonctif face à une contrainte physique. Soulignons que plus un tissu conjonctif est perméable, moins il peut offrir de résistance physique – et vice versa. Après réflexion, « être vivant » peut se définir par la recherche permanente d’un compromis entre ces deux comportements fondamentaux du tissu conjonctif. Ceci débouche sur une forme spécifique dont la diversité témoigne des compromis trouvés. (Girardin, Osteoporosis mischaracterisations, 2019) (Illustration 7)

Illustration 7: Cette image montre les différentes échelles de perméabilité et de densité en relation avec le système locomoteur. (Source : S. KELEMAN, Emotional anatomy, 1985)

SUR LES SYSTEMES DE COMMUNICATION

 

Les épithéliums et les muqueuses, tous deux appartenant aux tissus de la frontière, sont caractérisés par un métabolisme polarisé. Ils reçoivent leur information métabolique de leur environnement, le tissu conjonctif (tissu de l’intérieur), et sécrètent leurs « catabolites » dans le monde extérieur. Ainsi, les dérivés du tissu de la frontière voient leur activité métabolique directement dépendante de l’état du tissu de l’intérieur. Ce que l’on peut dire, c’est que le comportement métabolique du tissu de la frontière est déterminé, chimiquement et physiquement, par l’état du tissu conjonctif. Autant l’aspect chimique que physique déterminent les mouvements d’information métabolique. Dans les manuels de physiologie, ces mouvements (et leur

Autocrine – L’étude de ce système de communication nous montre que le métabolisme d’une seule cellule conduit ‘in fine’ à l’auto-régulation de son comportement. C’est-à-dire que l’activité métabolique diminue dès que le stimulus chimique « original » est métabolisé. Gardons en mémoire que des stimuli physiques pourront et auront également un impact sur le comportement de la cellule.

 

Paracrine – Dans ce mode de communication, deux cellules voisines s’influencent l’une l’autre par leur métabolisme. De fait, les substrats produits par le métabolisme de l’une deviennent un stimulus pour le métabolisme de la voisine. Cela révèle que la catégorisation en anabolite et catabolite est très relative. Après tout, les catabolites sécrétés par le métabolisme d’une cellule deviennent les anabolites pour sa voisine.

Endocrine – Ce système de communication est aussi connu en tant que « communication télécrine ». Ce dernier signifie simplement que la communication s’étend sur de longue distance. La différence avec la communication paracrine réside dans le fait que « non seulement » les cellules voisines seront influencées, mais que des cellules distantes le seront et dans une mesure plus grande. Dans le cas précis du système de communication endocrine, nous avons tendance à le traduire par et à le réduire au seul terme « d’hormone ». Veillez à toujours vous rappeler ce point fondamental pour ce type de communication : le substrat, telle hormone spécifique, ne doit pas être l’objet central d’attention, mais bien plus le système de transport de cette molécule ! Ce n’est pas que l’hormone n’a pas d’importance, mais gardons à l’esprit que, si elle n’est pas délivrée à une région, son influence sur le métabolisme des autres cellules devient…(?). Exactement : négligeable ! Dans le cas du système de communication endocrine, le transport est assuré par le système vasculaire, et en particulier par sa subdivision veino-lymphatique ! Une compréhension totale des repères concernant ce système de communication est requise si l’on veut comprendre le comportement métabolique d’un organe aussi complexe que l’est le corps humain. En d'autres termes : apprenez l’anatomie des systèmes veineux et lymphatiques !!

 

Neurocrine – Il s’agit aussi d’un système de communication télécrine. Cependant, ce n’est pas le système vasculaire qui permet le transport des substrats métaboliques, c’est la cellule elle-même. Ou tout du moins une partie de la cellule remplit ce rôle : l’extension appelée axone ou dendrite. En regardant de plus près la nature de cet échange d’information métabolique, il apparaît que la communication neurocrine, comme la communication endocrine d’ailleurs, est un phénomène de type paracrine. En ce qui concerne la régulation neurocrine du métabolisme, il faut insister sur le système nerveux autonome. Il se subdivise en deux systèmes différents : le parasympathique et l’(ortho)sympathique. Une des grandes différences entre ces deux parties, réside dans le fait que le système parasympathique communique directement avec le voisinage (espace du tissu de l’intérieur) du tissu de la frontière – le neurone se connecte directement au dos des cellules du tissu de la frontière -  tandis que le système (ortho)sympathique communique indirectement avec le tissu de la frontière, en influençant la vascularisation environnante (par exemple, en régulant le tonus des sphincters précapillaires = ouverture / fermeture des portes).

 

Aérer la pièce, Ménage de printemps

 

L’étude du chapitre « immunité » conduit bien souvent à se perdre dans l’étude de schémas remplis de diverses cellules et molécules au noms variés. Cela donne le tournis à beaucoup, pour finalement, nous retrouver face à une jungle incroyablement touffue de relations « métaboliques ». L’étude du chapitre « immunité » nous fait perdre du vue les repères essentiels et les fondamentaux ; cela conduit à une bataille d’aveugles luttant désespérément pour essayer de tuer l’ennemi. Cet ennemi qui semble se tapir derrière chaque arbre ou buisson. Pouvons-nous essayer de nous calmer un instant et de reprendre les principes fondamentaux avant de nous immerger dans les détails – s’il vous plait ?

 

(RE)DEFINISSONS l’IMMUNITE

 

Qu’est-ce que « l’immunité » ? En fait, ce n’est pas un sujet si difficile. A la fin de la deuxième semaine du développement embryologique des cellules sont intégrées dans l’espace du tissu de l’intérieur suite à la formation du processus axial (également connu sous le nom de notochorde ou chorde dorsale). Cet espace se situe entre les deux tissus de la frontière que sont l’ectoderme et l’endoderme. A cet instant particulier, un nouveau type de cellule, dont le métabolisme n’est pas polarisé, apparaît au sein de l’embryon. De fait, ces cellules, appelées mésodermales, crachent leurs substrats métaboliques au sein de leur propre voisinage, et à proximité de l’espace occupé par les cellules des tissus de la frontière. En découle plusieurs points :

 

Conséquence n°1 : un messager – la première conséquence est que le métabolisme des cellules du tissu de l’intérieur altère la composition de l’environnement de toutes les autres cellules – autant pour les cellules voisines du tissu de l’intérieur que pour les cellules des épithéliums et des muqueuses (dérivés du tissu de la frontière). Dans ce contexte, il nous faut garder en tête que l’information métabolique pénètre les cellules du tissu de la frontière par l’entrée des artistes, qui se situe dans l’espace du tissu de l’intérieur (importance de savoir où se trouve la membrane basale) !! En conséquence, le comportement des épithéliums et des muqueuses est directement assujetti à l’état, chimique et physique du tissu de l’intérieur.

 

Conséquence n°2 : entretien et assainissement 1ère partie – la seconde conséquence est liée au fait que les cellules des épithéliums et des muqueuses métabolisent les informations qui leur proviennent du tissu de l’intérieur. De par leur métabolisme polarisé, nous pouvons dire que l’activité métabolique de ces tissus de la frontière permet de nettoyer le tissu de l’intérieur. C’est ainsi que les cellules du tissu de la frontière sont employées à nettoyer le désordre généré par les cellules du tissu de l’intérieur. Ce point est majoritairement oublié d’un point de vue diagnostique : l’état de la couche recouvrant les épithéliums et les muqueuses est un bon indicateur de l’activité métabolique du tissu de la frontière mais aussi de l’état du tissu de l’intérieur sous-jacent (salubrité de la poubelle) !

 

Conséquence n°3 : entretien et assainissement 2ème partie – la troisième conséquence est que l’activité métabolique des cellules du tissu de l’intérieur peut également être considérée comme une activité de nettoyage. Certaines cellules du tissu conjonctif en devenir « se spécialisent » dans la métabolisation d’agents particuliers. Ces agents « perturbateurs » se présentent sous différentes formes de molécules (petites ou grandes) ou de cellules qui finissent par être catégorisées comme « extraterrestres ». A l’instant précis où certaines cellules du tissu de l’intérieur commencent à faire le ménage, ce comportement métabolique peut être défini comme étant l’immunité. Dans le pire des scénarios, les cellules du tissu de l’intérieur s’en prennent même au corps lui-même, en commençant à le digérer/nettoyer. Ce phénomène est appelé auto-immunité.

DE L’IMPORTANCE DES TRANCHEES

 

(Illustration 8 : représentation schématique des tranchées au sein desquels l’activité métabolique prend le nom d’immunité.)

 

Première tranchée : la surface du tissu de la frontière – Le monde extérieur recèle un grand nombre « d’Antigène (AG) » qui sont perçus comme des agresseurs. Ils regroupent les bactéries, virus, parasites, etc … Quand ils s’attaquent à la forme humaine, ils se retrouvent confrontés à différentes tranchées. Comparons cela au siège d’une armée au pied d’une cité fortifiée. Les murs de la ville sont formés de cellules « Épithéliales (Ep) » et « Muqueuses (Mc) ». Les cellules de ce tissu reposent sur une solide fondation, la « Lame Basale (LB) ». Cette membrane basale maintient non seulement les cellules à leur position, mais elle contribue également au « Métabolisme Polarisé (PM) » de ce tissu. Les épithéliums et muqueuse, en tant que tissu de la frontière, ressemblent à des murs quasi-infranchissables dû à l’organisation serrée de leurs briques. En particulier, lorsqu’il s’agit d’un épithélium de la peau (couleur bleue). Dans le cas du mur rouge, quelques espaces sont visibles entre les cellules. C’est une des explications en faveur d’une plus grande facilité d’infections envahissant la tranchée rouge.

Néanmoins, dans tous les cas, il est difficile de passer au travers. Et non seulement parce que les tissus de la frontière forment un obstacle physique, mais parce qu’ils forment également un obstacle chimique. En effet, chaque couche cellulaire excrète ses produits de secrétions (PM, métabolisme polarisé), ces substrats se disposant à la surface de l’organisme et le recouvrant. On peut le comparer aux douves entourant une cité fortifiée et au marécages environnants. La traversée de cette zone est difficile. Une défense supplémentaire est constituée par la présence de mercenaires (le microbiote) dont cet environnement spécifique constitue le biome. En échange, ils travaillent pour nous en protégeant la zone. Cependant, ils ont beau être nombreux, leur action (=leur métabolisme !) n’est pas spécifique. Et si ce microbiote est malnutri par les cellules du tissu de la frontière, leur nombre risque d’être réduit, ou ils risquent de ne pas pouvoir assumer un siège qui s’installe. (Voir ci-après)

Seconde tranchée : le territoire du tissu de l’intérieur – Si l’antigène, perçu comme hostile, a réussi à entrer dans la cité, en ayant traversé les marécages, douves et ayant pénétré les murs, il se retrouve dans le territoire du tissu de l’intérieur. Il s’agit de la prochaine ligne de défense, la seconde tranchée.

L’eau, la matrice, des cellules et des fibres sont présentes. Chacune contribue spécifiquement à un type de défense en réponse à une possible brèche dans le mur d’enceinte. La partie de la matrice qui remplit ce rôle est le « système du complément (CS) ». La concentration de ce composant de la matrice va augmenter. Celle élévation débute dès que certaines molécules (comme l’histamine ou la bradykinine) ont provoqué la vasodilatation des vaisseaux sanguins (BV) et modifié la perméabilité de ces vaisseaux (ceci constitue en partie le phénomène d’inflammation). Le système du complément est constitué de molécules (protéines) qui attaquent certains antigènes (par exemple la membrane des bactéries) en se fixant dessus et en les marquants par la même occasion. Ce marquage antigénique recrute alors les leucocytes du système phagocytaire mononucléaire. Il s’agit là de l’élément cellulaire du tissu de l’intérieur qui participe à sa défense.

Le système phagocytaire mononucléaire est composé de différents types de cellules. Les premières que les antigènes vont trouver sur leur chemin sont les « Macrophages (MF) », qui, comme le système du complément, constituent une réponse immunitaire non spécifique. Certains de ces macrophages, nommés histiocytes, sont déjà présents dans l’espace du tissu de l’intérieur. Leur nombre sera renforcé quand les « Granulocytes Neutrophiles (NG) » quitteront le système vasculaire pour entrer dans la bataille (les NG appartiennent aussi au mécanisme immunitaire non spécifique). Juste après, de nouveaux macrophages vont venir grossir les rangs. Ces « nouveaux » macrophages, sont en fait des monocytes qui, en sortant du système vasculaire, changent de nom. (Oui, je sais, pourquoi les choses sont-elles si compliquées. Quand je quitte mon domicile, je ne change pas de nom pour autant !). Donc, les monocytes, ayant quitté les capillaires et étant devenu macrophages, vont eux-aussi phagocyter et métaboliser l’antigène. En comparaison avec les cellules neutrophiles, les macrophages ont une durée de vie plus longue, ce qui constitue une différence majeure. En effet, ils vont pouvoir s’attaquer de manière prolongée à l’antigène, et aussi avantageux, ils vont pouvoir nettoyer pendant plus longtemps.

 

Troisième tranchée : le systèmes veino-lymphatique – Cette tranchée, qui appartient elle aussi au tissu de l’intérieur, requière une attention particulière. Un macrophage couronné de succès dans son attaque, et ayant vaincu un antigène, acquiert la capacité de réintégrer le système vasculaire, et il le fera. Ce faisant, il peut désormais rencontrer une cellules spécifique appelée « Lymphocyte-T (T-ly) ». Le macrophage présente une signature moléculaire sur sa membrane. Quand celle-ci coïncide avec le récepteur du lymphocyte-T, le métabolisme de la cellule T est activé (communication paracrine). Du comportement métabolique de cette cellule T découlent 4 nouveaux types de cellules. La cellule appelée « lymphocyte-T Mémoire (T-ly/M) » est celle qui permettra la reconnaissance de l’antigène dans le futur. Le « lymphocyte-T Cytotoxique (T-ly/K) » est celui qui attaquera l’antigène « à vue », tandis que le « lymphocyte-T Régulateur (T-ly/S) » s’assurera de garder le contrôle sur la réponse immunitaire, en la réprimant si besoin. Enfin, la quatrième cellule est le « lymphocyte-T Auxiliaire (T-ly/H) » qui activera l’aide des lymphocytes B.

 

Les lymphocytes B, tout comme les T, font partie de la réponse immunitaire dite spécifique. Ils sont présents dans les nœuds lymphatiques ((LV) « lymphatic vessel »). Une fois activé (communication paracrine) ils engagent deux réponses métaboliques. En premier lieu, ils produisent des lymphocytes B mémoire (B-ly/M). La seconde réponse est la production, par les « Plasmocytes (B-ly/PC) », d‘anticorps qui iront attaquer l’antigène. Ces anticorps sont appelés IgA, IgD, IgE, IgG et IgM. Ces molécules, en se connectant à l’antigène, fonctionnent comme une balise qui permet une identification rapide de l’antigène par les macrophages et les lymphocyte T cytotoxique. Les anticorps ont également une action neutralisante des substances toxiques et une action d’activation du complément (via le complexe immun [antigène-anticorps])

 

Le gestionnaire adjoint au nettoyage – préparer le terrain

 

Chaque organisme est soumis en permanence à l’influence de l’environnement. Le corps humain ne fait pas exception à cette règle. Chaque organisme ré-agit à cette influence. Et cela fonctionne apparemment plutôt bien. Après tout, le corps humain résulte d’un processus évolutif d’essai-erreur vieux de 13,5 milliards d’année (Big-Bang). Comment se fait-il alors, que, par moment, nous ayons l’impression que ce « mécanisme de défense », ce « mécanisme d’assainissement » ne semble pas fonctionner aussi bien qu’il le devrait ? Il y a plusieurs explications possibles.

 

Toute forme est la conséquence des structures qui la compose et de leurs relations positionnelles. Ces structures et leurs relations positionnelles déterminent la résistance que la forme peut opposer aux contraintes de l’environnement. L’adéquation de la réponse à cette influence environnementale se base sur le postulat que chacune des structures est « à sa juste place ». Nous pouvons définir cet état de la forme comme étant l’état « normal » (A.T.Still). Dès que nous sommes en présence d’un état « anormal », cette forme est d’une certaine manière « handicapée » dans la résistance qu’elle peut produire. Ainsi, confrontée à une situation donnée, plus les relations ont été dérangées, moins il est possible de parer à ces influences environnementales de manière idoine. La résilience est moindre.

 

Mais ce n’est pas la seule possibilité qui permette d’expliquer pourquoi notre système de défense/d’assainissement ne se comporte pas aussi convenablement qu’il le devrait. Supposons que notre forme ne soit pas handicapée par un remaniement de la relation positionnelle de ses structures. Autrement dit, dans une situation où nous pourrions dire que notre corps est en santé. Dans cet état, notre forme est capable de gérer les stress environnementaux en fournissant un effort minime. Il est alors question de la quantité de stress et de la durée de stress. C’est-à-dire, deux questions essentielles : A) notre corps était-il déjà précontraint par un stress auquel se combine un stress supplémentaire auquel nous devons faire face ? et/ou B) la quantité de stress subie par un corps en bonne santé est tout simplement trop importante pour être encaissée dans un délai si court ? La réponse à ces questions sera déterminante pour le plan thérapeutique. Alors, comment pouvons-nous préparer le terrain pour la bataille à venir ?

 

SORTIR LES POUBELLES

 

Ces jalons posés, nous sommes éveillés au fait que ces marécages entourant notre corps jouent un rôle essentiel dans notre première ligne de défense. Bien évidemment, le microbiote ne doit pas être mis de côté. Mais quelques smoothies et autres potions magiques ne changeront rien. Même en apportant quelques soldats supplémentaires sous la forme de probiotiques. Il faut aussi prendre en considération que cela peut avoir des conséquences opposées à l’intention originale (Hempel et al 2012, Bafeta et al 2018, Rao et al 2018, Lerner et al 2019).

 

Ceci est trop simple et il y a un risque de retour de flamme.

 

Autrement dit, si nous voulons un marécage satisfaisant autour de nous, de manière à rendre sa traversée difficile pour des attaquants, il nous faut un métabolisme solide qui le fournit. Il nous faut une sécrétion suffisante des substances appropriées pour faire s’épanouir le microbiote, et qu’il puisse ainsi remplir son rôle de premier défenseur. Cela implique que nous devons nous assurer que le tissu de l’intérieur soit en bonne condition ! Ce que nous faisons en prenant soin que les ordures au sein du tissu de l’intérieur soient enlevées et que ses tranchées soient prêtes à réagir. Pour ce faire, nous devons « placer nos pions ».

 

PLACER SES PIONS

 

Venons-en au contact – Nous avons vu précédemment que le tissu conjonctif possède deux caractéristiques. D’un côté il possède une caractéristique chimique et de l’autre une caractéristique physique. Chacun des deux possède des particularités propres, mais nous ne pouvons pas– et ne devrions pas – nier que celles-ci sont liées les unes aux autres. Par exemple, on ne peut nier le fait que l’application d’une contrainte physique sur notre corps modifie la perméabilité de notre tissu de l’intérieur. Ce même espace dans lequel se produisent les échanges chimiques. Ce même lieu où des réactions métaboliques surviennent. L’augmentation de la tension dans les fibres du tissu conjonctif change instantanément la viscosité des fluides. L’augmentation de la tension au sein des fibres provoque l’augmentation de la viscosité, ce qui équivaut à une diminution de la perméabilité et donc à une réduction des échanges chimiques. Ce qui au final affecte le comportement métabolique. Nous sommes amenés à conclure que, pour optimiser les échanges métaboliques, pour améliorer notre « système de défense/d’assainissement », un corps sans tension est requis ! (A.T.Still !!).

 

Des principes plutôt que des recettes – Il est trop facile d’utiliser la même recette pour tous les patients souffrant de symptômes relatifs à l’immunité. En fait, il serait même possible de l’utiliser pour n’importe quel type de symptôme. Mais, au lieu de recettes toutes faites, vous trouverez ici les principes à garder en vue :

 

Alimentation : il est évident que si vous mangez et buvez comme un cochon, votre tissu conjonctif va fatalement finir par ressembler à un gigantesque sac poubelle. Et qui devra se coltiner le ménage ? Tout à fait, les cellules du tissu de l’intérieur qui appartiennent au système immunitaire. Donc, cela peut-être une bonne idée de garder un œil sur le régime des patients. La question suivante est : qu’est-ce qu’un régime adapté ? C’est un sujet d’actualité sensible car aujourd’hui il semblerait que l’alimentation soit devenue une religion à part entière. Beaucoup de nouveaux guru crachent tout un tas d’information. Mais soyons honnête, la plupart d’entre eux ne connaissent même pas le sens du mot physiologie et n’ont aucune idée des conséquences de leur soi-disant régime santé. Il est possible d’avoir une opinion qui ne concorde pas avec le courant dominant, mais certains aspects des réactions chimique de notre corps sont une réalité. A l ‘instar de la gravité, nous ne pouvons nier leur existence. Une règle d’or : Gardez votre alimentation simple et variée. (Note : quelques compléments alimentaires peuvent être pris dans le but de soutenir certaines réactions chimiques – voir plus loin)

 

Le personnel de ménage : Il va sans dire que vis-à-vis de l’excrétion des produits chimiques hors de notre corps, l’épithélium et la muqueuse sont les plus massifs quantitativement parlant (en regard de leur surface). Cependant leur métabolisme, leur manière d’excréter, dépend d’un certain nombre de mécanismes de contrôle. Ceux-ci pouvant souffrir de contraintes physiques. En voici une « check-list » :

 

  • Autocrine / Paracrine : la présence d’une tension dans le tissu conjonctif se répercute les possibilités d’échanges. Une contrainte de traction peut avoir et entrainera nécessairement un effet sur la perméabilité de la région où cette déformation advient. L’étendue de cette région peut être minime (locale) comme elle peut couvrir une large surface. En règle générale, ces tensions présentent une direction spécifique. L’idée à retenir doit être de chercher à se débarrasser de cette direction de tension. La question de la technique à employer, de quelle manière elle devrait l’être ne peut en aucun cas être prédite, ni généralisée. « Keep it simple » en vous référant à ce principe : l’être en santé est un état où aucun schéma ne se manifeste.

  • Endocrine : en ce qui concerne le système de communication endocrinien, il nous faut différencier deux modes : veineux et lymphatique.

 

  • VEINEUX – la connaissance anatomique approfondie de la vascularisation veineuse est requise pour être en mesure de travailler sur ce système de communication. Le système capillaire est un élément clef du puzzle si l’on veut garantir l’aptitude suffisante du métabolisme – tant pour l’approvisionnement que pour l’élimination. Un schéma de tension croisant la direction du flux sanguin dans ces structures capillaires aura tendance à occasionner une congestion. C’est une situation que nous voulons éviter (la congestion étant un des attributs de l’inflammation !). Ainsi, le principe évoqué ci-avant est de nouveau validé : l’être en santé est un état où aucun schéma (de congestion) ne se manifeste.

 

  • LYMPHATIQUE – concernant les lymphatiques, il ne faut pas seulement considérer les vaisseaux de grand calibre, comme les canaux lymphatiques, ou seulement les nœuds lymphatiques. En regard de l’aspect immunitaire, nous devrions surveiller le non moins important système MALT. MALT est l’acronyme de « Mucous Associated Lymphoïd Tissue ». En fait, cette appellation a progressivement été subdivisée en fonction des systèmes tel que GALT (G = gut / intestin), ou encore SALT (S = skin / peau) et ainsi de suite. Au fil des ans, il est devenu évident que cette association de lymphatiques accompagne n’importe quel dérivé d’un tissu de la frontière (« teaser » : le système lymphatique du cerveau). Le système lymphatique, participant au système endocrinien, est affilié au tissu conjonctif. Toute congestion, résultante d’une contrainte directionnelle, doit être évitée ! Et n’oubliez pas que, ce n’est pas parce que le patient souffre de toux, qu’une tension présente au niveau du système digestif n’a pas d’incidence vis à vis de ce symptôme et de la gorge du patient !!

 

  • Neurocrine : comme dit précédemment à propos du système de communication neurocrine, le système nerveux autonome joue un rôle prépondérant. Veuillez garder en tête que toute contrainte de direction spirale-diagonale ou même transversale à l’axe d’une extension nerveuse (axone ou dendrite) peut et va perturber le flux axoplasmique au sein du nerf. De ce fait, le nerf ne pourra pas assurer sa tâche aussi bien qu’il le devrait. Il devient indispensable d’éliminer tout schéma perpendiculaire engendré par une structure transversale, comme par exemple un diaphragme.

 

Les points de repères importants – d’un point de vue ostéopathique, il y a plusieurs balises anatomiques décisives pour permettre de garder les tranchées en état. En voici quelques-unes des plus importantes :

 

Les zones d’assainissement : ci-après une courte liste des régions anatomique à surveiller :

 

  • L’espace longitudinal : cet espace est constitué de la succession des régions anatomiques du rachis cervical, du médiastin, de l’espace rétro-péritonéal et de la région pelvienne (Illustration 9). Il est fascinant de noter que la totalité des voies veino-lymphatiques ainsi que du système nerveux autonome sont présentes dans cet espace du tissu de l’intérieur. Il est facile d’imaginer que n’importe quelle contrainte, et particulièrement sous la forme d’un schéma transversal, aura une influence qui perturbera le fonctionnement de ces structures ! Cela devrait être empêché de tout temps et coûte que coûte. Une connaissance approfondie de l’anatomie de ces structures d’orientation longitudinale, ainsi que de celles les croisant, est requise pour que le traitement soit approprié.

 

  • L’espace transversal : aborder cet espace transversal, c’est évoquer toutes les structures de direction transversale que le corps humain comporte. En fait, il est possible de toutes les rassembler sous une appellation commune : « les diaphragmes ». N’oubliez pas que « classiquement », nous ne définissons sous ce terme que les plus grands, telle la tente du cervelet, le plancher mandibulaire et l’os hyoïde, l’ouverture supérieur du thorax (Apertura thoracis superior), le diaphragme abdominal (composé de 3 portions, chacune possédant ses relations singulières !) et pour finir, le diaphragme pelvien. Mais, en réalité, n’importe quelle structure coupant transversalement la route aux voies neuro-vasculaires doit nous interpeller. Des structures telles que les côtes, par exemple, mais également celles de moindre densité comme le méso-côlon transverse ou le mésentère.

Illustration 9: Représentation schématique de l’espace occupé par le tissu de l’intérieur (en vert) qui s’étend de la base du crâne au bout du pelvis. Cet espace se développe sous l’influence du repositionnement du diaphragme abdominal (en noir). Ce repositionnement est un mouvement développemental complexe associant – un détachement de la paroi vertébrale (moelle épinière et cerveau), une horizontalisation (influence du foie et du cœur), et un processus de descente relative (system digestif). Le diaphragme est une structure transversale qui est en mesure d’influencer l’organisation longitudinale du tissu de l’intérieur ainsi que l’ensemble des vaisseaux sanguins et nerfs que cet espace contient.

(Source : Anatomie & Ontogénèse – séminaire 4 : Homonculus Interni : Wroclaw 2019)

Tissu Conjonctif :

 

    • Généralités : il nous faut penser au tissu conjonctif comme à un énorme champ de bataille. Nous avons souligné précédemment que ce tissu conjonctif présente deux comportements essentiels, chimique et physique. A ce stade, il devrait être clair pour tous que l’aspect chimique est en relation directe avec l’assainissement du tissu de l’intérieur, et avec son potentiel d’action défensive. En tant qu’ostéopathe, notre préoccupation première devrait être d’optimiser cette action métabolique en nous assurant de l’absence de toute contrainte physique. La contrainte physique entrave la perméabilité et par conséquent les processus métaboliques.
    • En particulier : nous devons nous préoccuper du traitement des fascias, aponévroses, ligaments, etc… qui appartiennent au même niveau de complexité (celui des fibres). Cela parce que ces structures possèdent des caractéristiques spécifiques relatives à leurs fibres. Ces fibres, lorsqu’elles sont mises sous tension, expulsent le liquide et densifient ainsi le tissu conjonctif. De plus, ces fibres, de par leur direction spécifique, auront probablement une influence sur les structures neuro-vasculaires. Cependant, le tissu conjonctif ne se résume pas uniquement à ses fibres. Cela signifie que nous pouvons travailler physiquement sur, par exemple, sa composante fluidique (particularités d’un courant fluidique !)

 

Système vasculaire - système veineux : concernant le système veineux, il nous faut retenir que nous avons trois système veineux (quasi-) indépendant – un système porte, un système cave, et un système veineux vertébral (Herlihy 1947, Batson 1956). 

 

    • Généralités : ces systèmes se mêlent entre eux dans des zones spécifiques. Cela signifie que ces carrefours sont particulièrement importants (comme la région de la Fosse ptérygo-palatine où le Plexus ptérygoïdien communique avec le Sinus caverneux - pour ne citer que l'une de ces multiples zones de raccordement). Ces zones sont d’une haute importance car si une contrainte diminue le débit à cet endroit précis, il s’ensuit une congestion dans au moins l’un des trois systèmes veineux. Gardez donc un œil sur ces régions anatomiques (que malheureusement nous ne connaissons que de par leur nom de diaphragmes). En plus de ces zones d’échanges, il faut considérer la circulation présente dans chaque système séparément. Cette circulation devrait-être garantie en permanence. Précisons :
    • Le système vertébral : Dans le cas du système vertébral, toute contrainte réduisant le débit sanguin dans la colonne vertébrale devrait être traité. Rappelons-nous que ces veines vertébrales sont en continuité avec les sinus duraux ! Cela est, en particulier, mis en évidence après étude de leur relation anatomique avec la dure-mère. A ce propos, voir également le mécanisme de pompe veino-lymphatique (Guy 1930, Batson 1956, Girardin 1996, Kraml 2013).
    • Le système porte : La relation du système porte au foie constitue une balise essentielle, et ce pour diverses raisons. Pour appréhender cela, nous devons nous remémorer que ce que nous appelons le foie n’est rien d’autre que l’imbrication de deux organes distincts : l’un vasculaire et l’autre métabolique (glande exocrine). L’organe vasculaire se compose d’un grand nombre de vaisseaux sanguins de types capillaires (sinus hépatiques). L’organe métabolique est constitué par le système biliaire (les hépatocytes n’étant en fait rien d’autre que les cellules de la muqueuse des voies biliaires !) Ces deux organes communiquent à travers un espace intercellulaire appelé « espace de Disse ». Cette zone du foie permet la régulation du flux sanguin, mais également celle des substances excrétées. En tant qu’organe agrégé, le foie se comporte comme une sorte filtre. Ce filtre ne se contente pas seulement de réguler la viscosité du sang, il nettoie aussi l’espace intercellulaire (Disse) ! Une congestion de cette zone entravera l’efficience du système immunitaire – localement en impactant les cellules d’assainissement (cellules de Küppfer, lymphocyte NK, Grands Lymphocytes Granuleux), mais également de manière systémique car cela influencera l’état du tissu de l’intérieur des autres régions du corps. Cette congestion possède deux origines différentes : 1) soit le système vasculaire est entravé suite à une contrainte physique sur le flux sanguin produite par certaines structures. Des structures comme le mésocolon transverse par exemple, le mésentère ou encore le mésosigmoïde. Mais aussi de plus petites structures tel le ligament pacréatico-liénal (d’origine péritonéale) et qui peut être la cause d’une congestion (locale) ; 2) soit il s’agit d’une saturation chimique liée à une activité métabolique trop importante (endogène) ou liée à la digestion (exogène). Dans ce cas, nous pouvons utiliser un complément chimique, en parallèle de notre approche physique, par la prise de substances spécifiques qui favoriseront la production de bile ainsi que son excrétion. Dans le pire des scénarios, la contrainte physique et la saturation chimique seront tous deux présents.
    • Le système cave : cette partie du système veineux se rapporte aux systèmes locomoteur et uro-génital. En conséquence, nous en déduisons qu’une contrainte au sein de système locomoteur, par exemple, aura très probablement un impact sur le flux au sein de la veine cave. Les structures transversales telles que l'ouverture thoracique supérieure (Apertura thoracis superior) peuvent représenter un élément de contrainte important sur l'écoulement veineux au sein de ce système. Plus généralement, toute sorte de diaphragme, ainsi que toute structure dont la direction transversale se trouve être plus ou moins perpendiculaire à une voie veineuse peut causer une congestion. Tout du moins ralentir l’écoulement sanguin et donc diminuer l’activité métabolique dans la région dépendante de ce vaisseau sanguin. Les grandes structures telles que le diaphragmes ne sont pas les seules à même de produire ce phénomène. De plus petite structure, telles que les côtes, ou même de petits ligaments peuvent en être la cause. En dernier point, et non des moindres, il ne faut pas oublier la localisation particulière des veines du système cave. Elles se situent au sein d’un espace longitudinal qui s’étend de la base du crâne, dans le médiastin, puis se prolongeant dans l’espace rétro-péritonéal pour se terminer dans la région du petit bassin. (voir illustration 9). Dans l’étendue de cet espace, les systèmes veineux vertébral, porte et cave « communiquent » entre eux ! N’importe quel type de contrainte due à une structure transversale gênante ajoutera une charge de travail au personnel de ménage dans les tranchées.

Système vasculaire - système lymphatique : les remarques et points discutés pour le système veineux restent tout aussi valables pour le système lymphatique. Il y a bien sûr quelques points de repères spécifiques au système lymphatique, par exemple la localisation des nœuds lymphatiques, mais d’une manière générale, la plupart des structures entravant la circulation veineuse porteront aussi atteinte à la circulation lymphatique. Soulignons de nouveau que les nœuds lymphatiques sont disposés en majorité au sein de cet espace qui s’étend depuis la base du crâne à la région pelvienne ! Portez donc une attention à ces localisation particulière comme par exemple « l’anneau de Waldeyer » dans la région cervicale, ou les « plaques de Peyer » dans la région ilio-caecale du l’intestin. En complément, le traitement de la plèvre et de ses relations, ainsi que du péritoine et de ses relations, doit être envisagé chaque fois que nécessaire - voir les remarques précédentes sur le système MALT etc. (illustration 10)

Illustration 10: Brève introduction théorique et aperçu, au sein du système viscéral, des points de repères importants en relation avec le système vasculaire avant que les participants ne retournent aux tables de dissection. (Source : Heidelberg Séminaire de Dissection – Février 2020)

Conclusion

 

Quelle recette avons-nous donc pour parer à une inflammation et même à une infection ? Les principes sont simples :

 

Soyez attentif à votre poubelle :

 

    • Éviter de la remplir « ras la gueule »
    • Vider la (régulièrement)
    • Assurer vous que le personnel d’entretien peut faire son travail

Comment procédons-nous ?

 

    • Poser vos jalons en étudiant l’anatomie
      • - Cela vous aide à vérifier l’état de vos tranchées
      • - Cela vous aide à déterminer où se situe la contrainte gênante

Quel(s) outil(s) utiliser ?

 

    • Pour les ostéopathes, principalement les outils physiques – travail manuel, sous-tendu par la connaissance du fait que :
      • -Chaque balise possède sa forme spécifique
      • -Chaque forme est le résultat de ses composants structuraux
      • -Chaque relation positionnelle demande une approche spécifique
        •      - D’un point de vue physique mais aussi mental (importance de la visualisation !)
    • Apport chimique exogène – dans le but d’aider à catalyser certaines réactions chimiques

 

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